Trois mandats électoraux, des responsabilités nationales au PS et un travail à temps plein au Conseil d’État : Jean-François Debat fait partie des élus qui cumulent le plus de fonctions. Trop pour un seul homme, disent certains. Mais, pour lui, la question de la possibilité du cumul de toutes ces fonctions relève simplement de ses supérieurs hiérarchiques et des électeurs.
Bien malgré lui, Jean-François Debat, le président du groupe PS au conseil régional, se retrouve embarqué dans l’affaire du détachement de Laurent Wauquiez révélé par Lyon Capitale. Les deux hommes appartiennent au même corps de la fonction publique : le Conseil d’État. Là où Laurent Wauquiez a fait le choix de ne plus exercer ce métier, tout en se gardant la possibilité d’y revenir dès qu’il le souhaite, Jean-François Debat occupe pour sa part sa fonction à temps plein. En termes de mandats électifs, il n’a pourtant rien à envier au président LR du conseil régional. À côté de son activité de conseiller d’État, il préside en effet le groupe PS au conseil régional et la communauté d’agglomération de Bourg-en-Bresse, une ville dont il est aussi maire. Jean-François Debat est en outre, bénévolement, trésorier national du PS. Un rôle particulièrement important dans cette période où le Parti socialiste est engagé dans un plan social d’envergure (une cinquantaine de permanents vont être licenciés) et la vente de son siège historique rue de Solferino. À ce cumul des fonctions équivaut une addition des indemnités : 10 000 euros nets mensuels, selon sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, et 8 272 euros, d’après les grilles indemnitaires des élus, de ses mandats politiques. “Tout le monde nous a tapé dessus, mais la situation de Debat est sûrement plus choquante que celle de Laurent Wauquiez. C’est du foutage de gueule”, estime-t-on dans l’entourage du président du conseil régional. “Je ne vois pas comment il peut cumuler toutes ces activités. Il y en a forcément une ou deux qu’il délaisse”, s’interroge un élu PS d’une autre collectivité qui a choisi de se consacrer uniquement à la vie politique.
Télétravail
Jean-François Debat ne souhaite pas vraiment s’exprimer sur l’organisation de sa vie professionnelle et politique, mais il réfute succinctement toute surcharge de fonctions : “J’ai choisi de maintenir mon activité au Conseil d’État pour ne pas dépendre financièrement de mon activité politique. Mon organisation personnelle fait que je respecte mes obligations professionnelles. Je suis évalué tous les trimestres et jamais je n’ai manqué à mes obligations. Bien sûr, tous les membres du Conseil d’État ne font pas autant de choses à l’extérieur. Nous devons être présents à Paris pour les audiences, et le reste du temps nous pouvons nous organiser comme nous le souhaitons. Comme tous mes collègues, je bénéficie de cette facilité.” La liberté dans l’exercice de ses fonctions de conseiller d’État – il passe deux jours de la semaine à Paris – lui permet donc de faire du télétravail depuis sa ville de Bourg-en-Bresse. Sur son investissement dans ses mandats locaux, Jean-François Debat reste flou. Il rappelle simplement que les électeurs de Bourg-en-Bresse lui ont renouvelé leur confiance aux municipales de 2014. Son entourage met aussi en avant que, lors de la précédente mandature à la région, il avait refusé d’occuper la vice-présidence aux transports, qui nécessitait plus de déplacements. Chargé des finances régionales, il optimisait son emploi du temps pour le rendre compatible avec son télétravail pour le Conseil d’État et son mandat de maire. Ses proches rappellent aussi que sa carrière politique nuit à son ascension au sein de son corps d’origine. Mais, à 10.000 euros par mois, Jean-François Debat peut difficilement nier occuper un poste à responsabilité. Même si celui-ci offre bien des espaces de liberté.