La belle-fille de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Elysée, vient d’être nommée directrice adjointe au mécénat au Musée du quai Branly. Un emploi obtenu alors que son expérience professionnelle était largement inférieure à celle pourtant réclamée sur l’annonce pour ce poste.
On connaissait l’attachement de Jacques Chirac au Musée du quai Branly. Un attachement tel que le musée parisien devrait bientôt être rebaptisé du nom de l’ancien président. Aujourd’hui, l’intérêt de l’Élysée pour l’établissement semble ne pas se démentir. En effet, un faisceau d’indices laisse penser qu’une main généreuse venue des bureaux feutrés du palais a pu appuyer la candidature de celle qui est désormais la directrice adjointe du mécénat au Musée du quai Branly : Judith de Warren. La jeune femme de 26 ans qui vient d’accéder à ce prestigieux poste est la fille de Brigitte Taittinger, femme de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée et proche de François Hollande, comme l’a signalé la LettreA. S’il n’est pas question de remettre ici en cause les compétences de la jeune femme, toujours est-il que ce choix questionne.
“Le couple des réseaux”
En février, l’établissement public du Musée du quai Branly (EPMQB) publiait une offre d’emploi pour le recrutement sur le poste d’adjoint(e) au directeur du mécénat. Profil recherché : un niveau Bac+5 et une expérience professionnelle confirmée avec au moins 5 ans exercés dans un emploi similaire. Or, si Judith de Warren peut se prévaloir d’un master en gestion et management des administrations obtenu à Londres en 2014, son expérience professionnelle ne cadre pas avec le profil attendu. Mis bout à bout l’ensemble de ses expériences dans la vie active ne dépasse pas 19 mois. Outre quelques périodes de stage, la fille de Brigitte Taittinger, descendante du fondateur du célèbre groupe de champagne et PDG des parfums Annick Gouttal, aura passé six mois dans le groupe de spiritueux Rémy Cointreau et sept autres mois chez Interparfums. Des entreprises en lien avec les sociétés du giron familial.
N’empêche, malgré ce manque d’expérience et son relatif jeune âge pour un poste managérial, c’est bien Judith de Warren qui a été sélectionnée. La main de Jean-Pierre Jouyet s’est elle alors glissée jusqu’au bureau du directeur du musée du quai Branly pour faire remonter le dossier de sa belle-fille ? “Jouyet -Taittinger, c’est le couple des réseaux, aussi bien à gauche qu’à droite”, explique un administrateur du musée qui reconnaît “qu’à ce poste, un nom et un carnet d’adresses sont plutôt des atouts”.
“Pressions ?”
Mais du côté de la CGT Culture, ce recrutement fait réagir. Dans un courrier que lelanceur.fr et Sud Radio ont pu se procurer, le syndicat interpelle le président du musée du quai Branly, Stéphane Martin : “L’impression que nous avons de votre choix non conforme au cadre de gestion du recrutement et des rémunérations de l’EPMQB voté en conseil d’administration nous fait croire que des relations puissent appuyer cette candidature”.
Car, sans présumer des compétences professionnelle de la nouvelle directrice adjointe, le syndicat s’inquiète d’un tel choix d’un point de vue managérial : “Les personnes chargées du développement du mécénat se verraient attribuer un supérieur hiérarchique débutant, alors qu’elles sont expérimentées et, pour certaines, pourraient prétendre au recrutement sur ce poste”.
“Auriez-vous, vous-même, eu a subir des pressions fortes ?”, interroge le syndicat dans son courrier à l’adresse de Stéphane Martin. Une question qui n’a selon nos informations, toujours pas eu de réponse. La procédure de recrutement a-t-elle été jusqu’au bout et respectée ? Le salaire initialement fixé a-t-il été maintenu ou réévalué comme semble le sous-entendre la CGT dans son courrier ? Contacté par lelanceur.fr, le musée n’a pas encore répondu.
Article mis à jour le 11 mai: La direction du quai Branly a réagi après la publication de cet article. Elle affirme que le recrutement de Judith de Warren s’est fait “en toute bonne foi”