Selon une étude Oxfam, en 2016, les 62 personnes les plus riches du monde détiendront plus d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité, soit 3,6 milliards de personnes. La France semble épargnée, même si les inégalités augmentent depuis les années 1990.
Plus une personne est riche, plus elle s’enrichit. C’est le constat de l’Observatoire des inégalités. Entre 2002 et 2012, le niveau de vie moyen des plus pauvres a baissé de 6,2 %. À l’inverse, plus le niveau de vie est grand, plus l’augmentation est importante. L’évolution du niveau de vie moyen des 10 % les plus riches a par exemple augmenté de 11,8 %. Dans le même temps, la moyenne d’augmentation des revenus en France sur cette période a été de 6,3 %. “La demande pour les travailleurs peu qualifiés est stable ou diminue, alors que le nombre d’individus cherchant ce type de travail stagne ou augmente. On voit donc une pression à la baisse sur les faibles salaires, qui est particulièrement visible entre 1 et 1,5 fois le smic”, explique Romain Metivet, délégué général du l’institut des Libertés, un “think tank” marqué à droite.
Selon l’observatoire, “entre 2001 et 2012, le revenu total des ménages a augmenté de près de 214,5 milliards d’euros, dont un tiers pour les 10 % les plus favorisés et seulement 0,01 % pour les 10% les moins favorisés. En 2001, les 10% les plus aisés recevaient 24 % du revenu total, contre 25 % en 2012”. En tout, 30% de la population perçoit plus de revenus que les 70% restants. Des chiffres qui minimiseraient les inégalités par rapport à la réalité, “parce qu’une partie des hauts revenus restent mal connus et qu’une partie de la population la plus pauvre n’est pas prise en compte (personnes âgées vivant en maison de retraite, par exemple)”, ajoute-t-il.
Un indice existe pour décrire la dynamique des inégalités entre les tranches de revenus, l’indice Gini. Plus il est proche de 1, plus on est proche d’une inégalité totale ; à l’inverse, plus il est proche de 0, plus l’égalité est grande. En France, en 1970, l’indice Gini était de 0,331. Il est très rapidement descendu jusqu’en 1990 (0,277), puis est reparti à la hausse jusqu’à 0,303 en 2012.
Les inégalités plus fortes sur le patrimoine que sur les revenus
En France, les inégalités sont encore plus fortes sur le patrimoine. Patrimoine entendu au sens d’ensemble des biens, droits et obligations ayant une valeur économique dont une personne peut être titulaire ou tenue. En France, on constate que, depuis deux cents ans, ces inégalités reculent. Selon le travail de Thomas Piketty, alors que les 10% les plus riches détenaient 80% du patrimoine global en 1810, puis près de 90% en 1910, ils ne détiennent “plus que” un peu plus de 60% en 2010. Après une longue dégringolade, cette dynamique de partage du patrimoine est désormais plutôt à la hausse depuis les années 1990. Une accumulation des richesses qui a une cause bancaire, selon Romain Metivet : “Les banques centrales ont suivi depuis plusieurs années des politiques de taux zéro. L’implication directe est l’augmentation du prix des actifs existants comme l’immobilier ou les actions, et ces actifs sont quasi exclusivement détenus par les classes aisées de la population.”
Selon l’Insee, en 2010 en France, les 10% des ménages les plus riches possédaient au minimum 552 300 euros d’actifs contre au maximum 2 700 euros pour les 10% les plus pauvres. C’est-à-dire 250 fois moins. 50 % des ménages les moins dotés possèdent alors seulement 7% du patrimoine brut en France, les 10 % les plus modestes n’en détiennent que 0,05 % et les 10 % les plus riches 48%.
Cette situation de concentration des richesses pourrait finir mal, s’inquiète le délégué général de l’institut des Libertés : “Si rien n’est fait, seule une révolte sociale et/ou une dépression économique y mettra fin.”
Des inégalités qui se creusent dans le monde
Pour rappel, l’ONG Oxfam explique aussi que les 1 % les plus riches au monde possèdent désormais davantage que les 99 % restants. La fortune de ces 62 personnes a augmenté de 44% entre 2010 et 2015, soit 542 milliards de dollars. Dans le même temps, la moitié la plus pauvre de l’humanité a vu sa richesse diminuer de plus de 1000 milliards, soit une baisse de 41%.
Depuis le début du XXIe siècle, les 1% les plus riches se sont partagé 50% de l’augmentation des richesses mondiales, alors que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne s’est partagé que 1% de l’augmentation de ces richesses.
Pour faire partie des 10% les plus riches de France, il fallait gagner 39 200 euros bruts en 2011 (+7,1% entre 2004 et 2011). Pour faire partie de 1% les plus riches cette même année, il fallait gagner 93 000 euros (+11,8%), pour les 0,1%, 256 000 euros (+23,3%) et pour les 0,01 %, 810 700 euros (+42,8%). |