Troisième partie, la vente de Numéro 23 – suite et fin d’un scandale d’État qui prend une nouvelle tournure lorsque Pascal Houzelot décide de revendre sa chaîne Numéro 23.
Le 18 octobre 2011, le CSA présidé par Michel Boyon lançait un appel à candidatures pour attribuer six nouveaux canaux sur la TNT gratuite. Fiducial Médias a participé à cette compétition, qui s’est révélée n’être qu’une farce. Le jour même du dépôt des candidatures, nous connaissions ainsi les six lauréats. Nous avions déjà alerté à l’époque sur la revente de Numéro 23, cette chaîne n’ayant été attribuée, formatée et calibrée que dans ce seul but.
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La TNT, un scandale d’État : troisième partie, la vente de Numéro 23
Précédemment :
Chapitre 17 (article publié le 08/04/15)
Trafic de fréquences TNT : il y a un loup zelot !
Le tour de passe-passe que nous évoquions dès 2012 est en train de se produire sous nos yeux : la chaîne Numéro 23, lanterne rouge de la TNT à l’audience infinitésimale, est entrée en “négociation exclusive” avec le groupe d’Alain Weill, NextRadioTV (BFM TV, RMC, RMC Découverte). Elle serait vendue près de 90 millions d’euros, après avoir été gratuitement offerte sur un plateau par le CSA de Michel Boyon à un certain Pascal Houzelot et à ses amis. Gratuitement, vraiment ? C’est bien là toute la question.
88,5 millions d’euros : c’est la somme astronomique qu’encaisseraient Pascal Houzelot (l’homme de Pink TV, la chaîne pornographique gay) et les actionnaires de la chaîne Numéro 23, si aucun coup de théâtre ne venait interrompre cette mascarade. Petit rappel : le 18 octobre 2011, le CSA d’opérette présidé par Michel Boyon organisait un appel à candidatures pour 6 nouvelles chaînes sur la TNT. Fiducial Médias, propriétaire de ce site Internet, participait à cet appel d’offres made in France (projet D-Facto, chaîne documentaires et débats). Las ! Nous nous rendrons vite compte que tout, absolument tout, était pipé, faux, vicié, déjà réglé d’avance : le jour du dépôt des candidatures, nous connaissions déjà les six chaînes qui seraient retenues trois mois plus tard ! Insoutenable suspense.
Nous re-publierons au fur et à mesure la plupart des articles écrits à l’époque, sans en modifier la moindre ligne. Tout y était ! Conseillers en vogue de Nicolas Sarkozy (Patrick Buisson, Camille Pascal…) à la manœuvre en coulisses, producteurs véreux, anciens membres du CSA votant miraculeusement à huis clos pour le projet après l’avoir étrillé en séance publique, acteurs divers de ce qui deviendra assez vite le “volet audiovisuel de l’affaire Bygmalion”… Tous les ingrédients d’un cocktail explosif étaient bel et bien réunis.
“Ne cherchez pas à comprendre, c’est fait”
L’auteur de ces lignes s’indignera régulièrement du procédé, tant lors d’une réunion à la questure de l’Assemblée nationale qu’à l’Élysée ou encore à plusieurs reprises auprès du CSA “ancienne formule” (depuis la nomination d’Olivier Schrameck en janvier 2013, les pratiques ont heureusement changé). Ainsi, chaque fois que je demandais des éclaircissements, tant en termes financiers qu’éditoriaux, la même réponse quasi pavlovienne m’était faite : “Ne cherchez pas à comprendre, Houzelot a déjà sa chaîne, c’est fait, c’est comme ça, il a ses entrées partout, vous feriez mieux d’arrêter de poser des questions et de fouiner.”
N’ayant ni la surface financière ni le talent pour porter un projet audiovisuel digne de ce nom, ayant par ailleurs accumulé les plantages et les fiascos professionnels, Pascal Houzelot a cependant, de l’avis général, “de l’entregent”. Ancien lobbyiste de TF1 du temps de la splendeur d’Étienne Mougeotte, intime de Pierre Bergé, qui l’installera au conseil de surveillance du Monde, Pascal Houzelot a la bise, l’accolade et le tutoiement faciles, surtout avec ses amis politiques, para-politiques et du CAC 40, qu’il appelle par leur petit nom et à voix haute, sur un air entendu. Cela a l’air de fonctionner puisqu’en échange les premiers choisiront, à la majorité, son “projet”, quand les seconds participeront – en versant des broutilles toutefois – au capital de TVous la Diversité, opportunément rebaptisée Numéro 23 au moment de son lancement, le 12/12/12, selon le vœu de Michel Boyon.
Des “nouveaux entrants”… aux premiers sortis
Récupérer quasiment 100 millions d’euros quelques mois plus tard en ayant investi des miettes, c’est ce qui s’appelle “avoir le nez creux”, le “sens des affaires” ou encore “la baraka”. À moins que le sieur Houzelot, en bon lobbyiste, n’ait fait “que” du portage… et la question serait alors : oui mais au profit de qui, tant en amont qu’en aval ? Dans cette hypothèse, que les acteurs de l’audiovisuel ont évidemment à l’esprit depuis l’appel à candidatures factice d’octobre 2011, il reviendra (à la presse ? à la justice ? à l’État ? à tous ces acteurs de concert ?) de déterminer à qui profite in fine cette nouvelle revente scandaleuse d’une ressource publique appartenant aux Français. Rappelons que l’idée initiale de la TNT était la “démocratisation de la télévision” et l’accès facilité à de “nouveaux entrants”…
Ces coups de bonneteau ne sont pas inédits. Claude Berda avait revendu en 2009 à TF1, dans les mêmes conditions, TMC et NT1 (pour 192 millions d’euros) et Vincent Bolloré avait lui aussi touché le pactole avec la revente au groupe Canal+ des chaînes D8 et D17, valorisées 180 millions d’euros deux ans après leur obtention gratuite (aujourd’hui, le même Bolloré est à la tête de Vivendi, qui possède… Canal+).
Récapitulons. Étape n°1 : je réponds à un appel à candidatures plus ou moins bidon en racontant n’importe quoi. Étape n°2, un canal, ressource publique gratuite, m’est attribué par un “vote” opportun – il ne faut pas chercher pourquoi et surtout ne pas “fouiner”. Étape n°3, au bout de quelques mois je le revends et j’empoche mon gros chèque, tout en restant dans le système, où rien ne se crée, rien ne se perd mais tout se transforme.
Une innovation cependant : TVous la Diversité, rebaptisée de façon neutre Numéro 23 à son lancement, chaîne sans programmes, sans concept ni téléspectateurs, a été conçue, formatée et attribuée dans le seul but d’être revendue une fois le délai légal atteint (deux ans et demi, suite à un arrêt du Conseil d’État). Avec un cahier des charges lui permettant de diffuser à peu près tout et surtout n’importe quoi, une audience qui ne peut qu’augmenter et pratiquement pas de salariés, ce serait un peu, comme on le dit à La Française des Jeux, “à qui l’tour ?”
Chapitre 18 (article publié le 10/04/15)
Houzelot : “Au-delà de trois doigts, c’est une atteinte à la dignité humaine”
Quelles sont les limites de la dignité humaine dans le porno gay ? Réponse chez Thierry Ardisson en juin 2005 de Pascal Houzelot, président de Pink TV, qui vient de revendre pour près de 90 millions d’euros la chaîne Numéro 23, délivrée il y a deux ans et demi gratuitement par le CSA.
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Chapitre 19 (article publié le 13/04/15)
Numéro 23 : le Sénat dégaine l’amendement jambe de bois
Selon nos confrères de Satellifax, “un amendement dans le cadre du nouveau volet de la loi Macron pourrait taxer lourdement toute revente d’une chaîne de la TNT”. Catherine Morin-Desailly (UDI-UC), présidente de la commission de la Culture au Sénat, devrait ainsi proposer un amendement visant à “quadrupler l’actuelle taxe (de 5 à 20%) due à l’Etat en cas de revente d’un canal de la TNT”. Bigre ! Que d’audace !
Cette proposition Canada Dry et a posteriori est censée répondre au scandale de la chaîne Numéro 23, vendue 90 millions d’euros par Pascal Houzelot au groupe NextRadioTV (BFM TV, RMC) alors qu’il avait obtenu la fréquence gratuitement dans le cadre d’un appel à candidatures par ailleurs truqué, comme nous l’avons démontré depuis 2012. Une fois que la guerre est finie, on peut en effet toujours taxer les cartouches. Rendons clair ce qui est compliqué.
Et maintenant la droite aime la loi Macron !
“Cette mesure pourrait être préférée à une autre option envisagée cette semaine, consistant à faire passer à cinq ans la durée minimale de détention d’une chaîne“, explique Satellifax. Oui, sauf que l’on pourrait bien quadrupler ou quintupler la taxe due à l’État, cela ne serait en l’espèce d’aucune utilité, seulement une perfidie supplémentaire de la part de l’ancienne majorité de la droite et du centre, qui avait attribué le canal TNT à un lobbyiste désargenté et sans aucun projet.À supposer que cette nouvelle taxe très éventuelle s’applique à la revente de Numéro 23, cela ne règlerait en rien la question cruciale de la chaîne, à savoir ses conditions originelles d’attribution, lesquelles, viciées, comprenaient dès le début la revente à un opérateur déjà installé dans le PAF… quand il s’agissait de consacrer “un nouvel entrant” et “seulement des chaînes thématiques, à l’exclusion de toute nouvelle chaîne généraliste”, comme le répétait sans cesse Michel Boyon (ancien président du CSA et ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin à Matignon).Une nouvelle affaire dans l’affaire Bygmalion ?
Bien des questions demeurent : si l’on voit bien qui bénéficie in fine du canal TNT (Alain Weill), quelles ont été les contreparties et qui en a profité -ou en profitera ? Est-ce une nouvelle affaire dans l’affaire Bygmalion, après le volet audiovisuel impliquant France Télévisions ?Pourquoi ce besoin irrépressible du CSA et de la sarkozie –les deux se confondaient à l’époque- d’accorder un canal TNT à Pascal Houzelot, sur la foi d’un projet stupide, irréaliste et non financé (et d’ailleurs non réalisé), sinon pour une préemption qui ne dit pas son nom ? Cette “mise au chaud” est-elle bien légale, comme on le lit un peu vite ici ou là, simplement parce que le délai de revente de deux ans et demi a été respecté ?La SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) ne s’y trompe pas, qui vient de s’indigner dans un communiqué officiel du fait que “le CSA a surtout aidé des investisseurs financiers à utiliser le paysage audiovisuel pour faire fructifier leurs affaires (…) Les créateurs non plus n’ont pas pu compter sur l’engagement de Numéro 23 dans la création et attendent par ailleurs toujours le versement de sommes importantes de droits d’auteur, toujours en souffrance depuis le lancement de la chaîne, qui n’applique pas l’engagement de respect de la propriété intellectuelle qui figure dans la convention qu’elle a signée avec le CSA”.Le handicap, mais à la sauce yankee bas de gamme
De même, le projet, initialement nommé “Tvous la Télédiversité”, une fois obtenu le blanc-seing du CSA, dirigé de fait à l’époque par le seul Nicolas Sarkozy, a-t-il été rebaptisé dans l’urgence Numéro 23. “Quand le président de la République dit quelque chose, le président du CSA écoute”, avait ainsi confié à l’auteur de ces lignes un Patrick Buisson définitif et sûr de lui, quand Camille Pascal, la plume du président-candidat Sarkozy, par ailleurs ancien secrétaire général de France Télévisions entendu par le juge Van Ruymbeke dans le cadre de l’affaire Bygmalion, essayait d’obtenir des financements privés pour ses amis producteurs souhaitant lancer des chaînes régionales.Élue à la majorité absolue par les Sages pour être “une chaîne culturelle thématique axée sur toutes les diversités”, la convention de la chaîne sera, juste avant le lancement de celle-ci, habilement et discrètement réécrite, afin qu’elle puisse diffuser, grâce à son nouveau statut de mini-généraliste, des programmes US essentiels, tels que… “Concours de tatouage, le défi : avez-vous déjà réussi à tatouer un amputé ?”Liberté, Égalité, Hamburger
A l’époque, nous avions dénoncé l’escroquerie intellectuelle –qui est en train de virer à l’escroquerie tout court- en expliquant que Pascal Houzelot allait certainement faire la promotion des “jeunes filles ayant un père taliban” et des “unijambistes alsaciens”, pensant que le CSA de l’époque resterait au moins attaché à une promotion, en l’occurrence celle de la langue française, comme ses ex-conseillers le clamaient et le déclamaient publiquement à la moindre occasion. D’unijambistes, il est bien question sur Numéro 23, mais nourris aux hamburgers plutôt qu’à la choucroute. Comme le dit Pascal Houzelot sur les plateaux de télé, “au-delà de trois doigts, c’est une atteinte à la dignité humaine”. Ouf, on est passé à deux doigts d’un drame.- Vous reprendrez bien un peu de n°23 ?
– Oh… juste un doigt !
– Vous ne voulez pas un n° 23 d’abord ?Chapitre 20 (article et vidéo publiés le 14/04/15)
Numéro 23 : la fausse audition du 8 mars 2012 au CSA
Le jeudi 8 mars 2012, Pascal Houzelot passait un oral de complaisance devant un CSA de complaisance pour sa chaîne encore baptisée Tvous la Télédiversité –elle sera nommée Numéro 23 à son lancement, dotée d’une convention remaniée, n’ayant plus rien à voir avec le “projet” initial.D’après Rachid Arhab, qui se confie aujourd’hui au Parisien et se dit “révolté“, sept conseillers sur neuf ont voté pour cette escroquerie intellectuelle. “L’unique objectif des porteurs de ce projet était de planifier une belle opération financière“, affirme l’ancien Conseiller. On recherche activement le second Sage rebelle et courageux, qui a osé résister au vrai président du CSA d’alors : Nicolas Sarkozy.Histoire d’une manipulation à 90 millions d’euros, où les homosexuels, les handicapés, les arabes et les blacks n’ont toujours été qu’un alibi.
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Chapitre 21 (article et vidéo (re)publiés le 15/04/15)
Quand la diversité devient une escroquerie intellectuelle
Il nous a semblé utile et pertinent de publier à nouveau cet article (écrit le 2 janvier 2013 !), à la une de notre site. En séance publique, le 8 mars 2012, les Sages du CSA de l’époque n’avaient pas de mots assez durs à l’égard de Pascal Houzelot et de son “projet”, qui s’appelait encore “TVous la Télédiversité”.
Pourtant, comme l’a confié il y a quelques jours l’ex-Conseiller Rachid Arhab (qui lui avait bien voté contre), le canal a bien été offert à Pascal Houzelot, par 7 voix sur 9. Premier effet kiss hard. Dès le lendemain, Michel Boyon, à l’époque président du CSA, prenait son bâton de pèlerin pour expliquer, de réunion en conciliabule, que finalement il nourrissait “de sérieux doutes sur la ligne éditoriale de la chaîne” !
Cette dernière, élue en tant que “projet culturel axé sur toutes les diversités” verra donc sa convention opportunément ré-écrite juste avant son lancement et accèdera ainsi au statut envié de mini-généraliste. Pratique pour être revendue sitôt le délai de deux ans et demi atteint et suffisamment flou pour s’insérer dans un groupe possédant déjà plusieurs chaînes. Deuxième effet kiss hard et réapparition miracle du prestidigitateur Alain Weill ! Il est enfin très surprenant d’entendre aujourd’hui des parlementaires (notamment UMP et UDI) crier au scandale, quand tout était connu, expliqué, disséqué depuis trois ans.
Chapitre 22 (article publié le 16/04/15)
Sébastien Chenu : le militant du grand écart
Certaines figures emblématiques du Front national telles que Marion Maréchal-Le Pen, Bruno Gollnisch ou Louis Aliot, “s’inquiètent” de l’arrivée du “communautarisme militant” au sein du Rassemblement Bleu Marine (RBM). Tous ont en effet découvert “avec stupéfaction” la photo de Sébastien Chenu posant à côté de Pascal Houzelot lors d’un défilé en faveur de la procréation médicalement assistée (PMA). Il faut dire qu’à l’instar de son ami Houzelot, Chenu a l’engagement plutôt variable et fluctuant : les promesses n’engagent-elles pas que ceux qui les écoutent, comme le disait un certain Charles Pasqua en 1988, citant le petit père Queuille ?
“Sébastien va toujours du côté du vent dominant, c’est un opportuniste sans colonne vertébrale seulement préoccupé par sa carrière et ses intérêts”, confie, dépité, un ancien“compagnon de route”, comme il aime à se définir lui-même. Alors adhérent de Démocratie libérale, le parti d’Alain Madelin, Chenu s’était fâché tout rouge suite à l’accord passé dans l’Oise entre Jean-François Mancel (RPR) et le FN, au moment des cantonales de mars 1998, puis lors des régionales en Picardie, la même année. À l’époque, c’était à la mode et on se souvient du prix payé par Charles Millon pour ne pas s’y être soumis : la mort politique.
En 2001, notre commis voyageur se fait élire maire-adjoint sur la liste de la maire divers droite de Beauvais, Caroline Cayeux. Sébastien Chenu (également proche de Bastien Millot, mis en examen dans l’affaire Bygmalion, qui était à l’époque maire-adjoint dans la même ville), s’est aussi distingué lors de l’organisation de la calamiteuse Europride à Marseille en 2013. Ami du maire UMP Jean-Claude Gaudin, il est soupçonné de favoritisme (lire l’enquête de rue89).
À la droite d’Houzelot, puis à la gauche de Marine
Parti tenter sa chance à Paris lors des municipales de 2014, il est rapidement éconduit par Nathalie Kosciusko-Morizet dans le 2e arrondissement. Il soutient alors Bruno Le Maire pour l’élection interne de l’UMP… qui consacrera le retour de Nicolas Sarkozy, lequel, pas de chance pour Chenu, préfèrera faire de l’oeil aux militants de La Manif pour Tous. De guerre lasse, Chenu ira encore un peu plus loin sur l’échiquier et se tournera finalement vers le Rassemblement Bleu Marine, en accusant au passage l’UMP d’être “devenue un parti conservateur, le Tea party français“.Fondateur de Gaylib (association LGBT de droite et de centre droit), il justifiera le passage du Rubicon sur son compte facebook : “Cela fait bien longtemps que Nicolas Sarkozy ne parle plus de la France et ne résume sa pensée et son action qu’à des postures électoralistes”. Parole d’expert. Gaylib exprimera pour sa part “sa profonde consternation de voir l’un de ses fondateurs rejoindre le RBM et ainsi trahir toutes les valeurs et tous les objectifs politiques qu’il était supposé défendre et notamment la défense des droits des gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels”.On se croirait au CSA de Michel Boyon, en train de revivre l’histoire de l’attribution de la chaîne Tvous la diversité… finalement devenue Numéro 23. Normal : les acteurs et le synopsis sont strictement identiques. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le navet.Chapitre 23 (article publié le 17/04/15)
Numéro 23 : Houzelot fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres
L’information était passée totalement inaperçue. Elle n’en est pas moins avérée. Fleur Pellerin, ministre de la Culture, vient de nommer (arrêté du 13 février 2015) Pascal Houzelot au grade de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Motif : “président-fondateur d’une chaîne de télévision”.
Après l’escroquerie Tvous la Télédiversité (opportunément devenue Numéro 23) du CSA de Michel Boyon et sa revente annoncée à NextRadioTV pour 90 millions d’euros, voilà que l’appareil d’État continue de complètement dysfonctionner, en dépit des discours de façade se voulant offusqués.
Fleur Pellerin, qui, devant la représentation nationale, s’étrangle de cette revente scandaleuse -le canal TNT ayant été offert gratuitement à Pascal Houzelot en 2012- comme de la médiocrité absolue de cette chaîne créée dans le seul but de réaliser une opération financière juteuse, comme le clame aujourd’hui Rachid Arhab, ancien Sage du CSA “révolté”, n’est pourtant pas gênée aux entournures pour décorer son récipiendaire.
De deux choses l’une : soit elle ne lit pas les dossiers que son cabinet instruit pour elle et décore ensuite n’importe qui au kilomètre, soit elle est une adepte du double langage, devenu il est vrai monnaie courante en politique. Rappelons que l’ordre des Arts et des Lettres est une décoration honorifique censée récompenser “les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde”.
Avec cette affaire et en pleine période de disette pour le monde des médias, les récentes injonctions de Fleur Pellerin à Mathieu Gallet pour “sortir du conflit” et “rétablir le dialogue social” à Radio France prennent, du coup, une tout autre résonance et une tout autre signification. En un mot comme en cent, elles ont perdu toute forme de crédibilité. Comme l’écrivait André Thérive, “La trahison est une question de dates”. Appelons cela le syndrome de la Rue des boutiques obscures. Audiard était quant à lui beaucoup plus direct, qui affirmait “Les producteurs de films ont tous des Rolls-Royce parce que, dans le métro, il faut payer comptant”.
Chapitre 24 (article publié le 18/04/15)
Quand Le Monde parle de Numéro 23, on nage en pleine bluette
Dans un article du 18 avril 2015, intitulé “TNT : Réflexion sur une réflexion des ventes de chaînes”, le journaliste “média” du Monde (partie abonnés), Alexandre Piquard, écrit beaucoup… sans pourtant dire l’essentiel. Évoquant principalement la revente de Numéro 23, deux ans et huit mois après l’attribution – gratuite – d’une fréquence par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Alexandre Piquard prétend que “ la transaction entre les actionnaires de Numéro 23 – parmi lesquels Pascal Houzelot, membre du conseil de surveillance du Monde – et le groupe NextRadioTV, a parfaitement respecté les règles en vigueur ”.
De cette longue et ennuyeuse “ réflexion sur la réflexion ”, au cours de laquelle le journaliste explique doctement que tout semble pour le mieux dans le meilleur des mondes, prenant soin de ne donner la parole qu’à ceux qui n’ont strictement rien à dire, le lecteur ne retiendra in fine que les affirmations mensongères de Pascal Houzelot -opportunément rappelées à la fin de l’article- qui “ se défend d’avoir cherché à spéculer, pointant que 40 millions d’euros de la vente lui permettront d’avoir des parts dans NextRadioTV, dont il rejoindra le conseil d’administration ”.
A force de réfléchir, le journaliste s’est ébloui lui-même
Si le journaliste ne s’intéresse qu’à l’aval de l’affaire, il est certain que ses lecteurs n’apprendront pas grand-chose. Ce qui est vraiment passionnant, c’est bien la source et le mécanisme ayant conduit à ce scandale (un vrai roman policier) qui se révèlera au fil du temps et à n’en pas douter, l’une des plus grosses escroqueries de l’audiovisuel –et pas les discussions politiques totalement creuses a posteriori sur le degré de moralité d’une telle revente ou encore la probabilité de tel ou tel amendement hypothétique dans un hypothétique futur volet de la loi Macron.Car la chaîne Numéro 23, initialement baptisée Tvous la Télédiversité, n’a été conçue, imaginée et formatée, en 2011 -d’un commun accord avec le pouvoir politique, le président du CSA (Michel Boyon) et les actionnaires- que dans le seul but de réaliser une opération financière extrêmement juteuse (90 millions d’euros au total !).Les acteurs de la sarkozie y étaient bien représentés, comme d’ailleurs ceux de Bygmalion : on retrouve en effet, tout au long du processus d’attribution de la chaîne, Patrick Buisson, Camille Pascal ou encore Damien Cuier, pour ne citer qu’eux. La nouvelle ministre de la Culture Fleur Pellerin semble parfaitement s’en accommoder, en dépit de ses discours offusqués, qui vient de nommer Pascal Houzelot chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres -ce n’est pas un poisson d’avril.Dans le salon des Verdurin
De tout cela, le journaliste ne dit pas un mot. Pour connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire, il est bien plus efficace de consulter notre dossier (nous avons vécu toute l’affaire aux premières loges puisqu’avec notre projet D-Facto, la chaîne Docs & Débats, nous avons participé à cet appel à candidatures, qui s’est révélé truqué) ou encore l’excellent article de Marc Baudriller dans Challenges (lire ici).A la décharge d’Alexandre Piquard, reconnaissons qu’il est difficile de parler de cette affaire dans Le Monde, quand le personnage par qui le scandale arrive, proche de Pierre Bergé, siège aux côtés de ce dernier au conseil de surveillance du journal. A moins qu’il ne s’agisse d’un énième article de complaisance à l’égard de Pascal Houzelot, dont “l’entregent” légendaire et les dîners du loft des quais de Seine ne cessent de fasciner les mondains. Nous sommes bien dans le salon des Verdurin, revisité par le parisianisme à la sauce Numéro 23 : prière de ne pas rire, sous peine de voir sa mâchoire se décrocher.Chapitre 25 (article et vidéo publiés le 20/04/15)
Houzelot : “Revendre Numéro 23, on ne peut pas me faire ce procès”
Alors qu’il lançait en grande pompe à la questure de l’Assemblée nationale, le 12/12/12 aux côtés de son ami Michel Boyon, président du CSA et de quelques députés -à tu et à toi- sa chaîne soi-disant consacrée à la diversité, Pascal Houzelot était interviewé dès le lendemain sur LCI. Au journaliste, qui déjà doutait fortement de sa sincérité, Houzelot répondait, avec un aplomb dont seuls les imposteurs sont capables : “Je n’ai pas démarré cette aventure pour revendre la chaîne ! Quand on se lance dans une aventure professionnelle de ce type, on peut pas avoir un plan anticipé, on peut pas savoir ce qui se passera dans deux ans dans dix ans dans cinq ans. Il faut d’abord travailler et réussir son projet et après on compte les veaux à la fin du marché“.
Lyon Capitale, qui ne compte pas de voyants dans ses effectifs, avait pourtant tout “anticipé” et tout écrit au moment du lancement de la chaîne, expliquant par le menu que ce canal TNT avait été offert dans des conditions scandaleuses, uniquement pour être revendu à prix d’or dès que possible à un acteur déjà en place -90 millions d’euros en l’occurrence au groupe NextRadioTV. Les patrons de TF1, M6 et Canal + n’hésitent plus à parler de “fraude” et en appellent au CSA. Faut pas prendre les Français pour des canards sauvages. Et encore moins pour des veaux, Monsieur Houzelot !
http://www.wat.tv/video/houzelot-revendre-numero-23-5eh5v_2exyh_.html
Chapitre 26 (article publié le 14/04/15)
Numéro 23 : quand Houzelot manipulait les Noirs et les Arabes pour s’enrichir
Lorsque le CSA version Michel Boyon lance un appel à candidatures en octobre 2011 pour attribuer six nouveaux canaux sur la TNT gratuite, deux projets sont centrés sur “la diversité“. L’un, complètement bidon, initialement baptisé Tvous la Télédiversité (et qui deviendra Numéro 23), porté par Pascal Houzelot. L’autre, Urb TV, défendu par Radio Nova, Pierre Lescure, Luc Besson ou encore l’équipe du mensuel So Foot. On connaît la suite : Pascal Houzelot emporte l’adhésion du CSA, qui se sera bien démené –sur le devant de la scène comme en coulisses- pour faire aboutir ce projet ubuesque coûte que coûte. L’argent n’a peut-être pas d’odeur, mais aujourd’hui, on le sait, il a des couleurs.Qu’est-ce qu’ils étaient beaux, les Arabes et les Noirs, lors de l’audition de TVous la Télédiversité, le 8 mars 2012 au CSA. Assis aux premiers rangs, on remarque ainsi la militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo ou encore l’humoriste Yassine Belattar. Celui-ci défendait le projet Urb TV… Mais le CSA intervient opportunément deux jours avant l’audition, soit le 6 mars 2012, pour que les deux projets “fusionnent” et en réalité Urb TV disparaîtra complètement dans ce qu’il faut bien qualifier, à ce stade, d’escroquerie intellectuelle.Trafic d’influence au CSA
“Un Sage m’a dit : Vous avez la meilleure offre sur le plan éditorial, Houzelot le tour de table le plus solide financièrement, il faut vous entendre”, confie aujourd’hui, amer, Yassine Belattar à nos confrères du Parisien. En fait de “tour de table solide“, si effectivement Pascal Houzelot cite certains grands noms du CAC 40 avec des moulinets dans le but d’impressionner -François Pinault, Bernard Arnault, Xavier Niel ou Jean-Charles Naouri – certains d’entre-eux ne verseront que de petits pourboires puisque le capital de la chaîne s’élèvera en tout et pour tout à 11 K€… alors qu’elle devrait bientôt être revendue à Alain Weill… 90 millions d’euros !Et ce n’est pas tout : une fois la fréquence accordée à Pascal Houzelot, le 27 mars 2012, le contenu d’Urb TV sera littéralement jeté à la poubelle, faute de… budget ! “Il (Pascal Houzelot) nous a reçus une semaine après pour nous dire qu’il n’avait pas l’argent nécessaire, contrairement à ce qu’il avait dit aux Sages, certains de ses prestigieux partenaires n’avaient pas mis un centime dans l’affaire, poursuit Yassine Belattar. Nous avons été utilisés ! Avec la vente de Numéro 23, je découvre que la diversité coûte 90 millions d’euros. Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’elle n’avait pas de prix”.Voyage au sein du cul-cul clan
Il y a bien un fait nouveau dans ce maelstrom : nous apprenons aujourd’hui, par une voix autorisée, que le CSA version Boyon est bien intervenu pour que les deux projets fusionnent. Mieux, un Sage a même joué les VRP de luxe au profit de Tvous la Télédiversité et pour que le projet Urb TV disparaisse à tout jamais dans les limbes, ce qui est évidemment illégal. Dans le dossier Tvous, tout était faux depuis le début, sauf, bien sûr, la promesse de revente. Qui était donc le missi dominici évoqué par Yassine Belattar ? Pour qui roulaient les Conseillers devenus conseilleurs, viciant ainsi, avant même que les auditions ne débutent, l’appel à candidatures ? Qui était le donneur d’ordres au-dessus du CSA ?Personnellement, il y a longtemps que je me méfie des affirmations et des allégations de M. Houzelot et de son fameux “réseau”, à savoir les amis officiels, fêtards et tapageurs de“toutes les diversités et de tous les handicaps”, lesquels, très majoritairement blancs, avec des patronymes bien franchouillards, en parfaite santé physique et souvent encartés à l’UMP… ont surtout trouvé le bon filon pour s’enrichir à partir de ressources publiques, avec de larges complicités d’État. Difficile en effet de poser la moindre question sans être immédiatement taxé “d’homophobie”, de “racisme” ou de“populisme”. Enfin, ça c’était avant. Aujourd’hui, vu les enjeux financiers, les langues se délient.Laissons le mot de la fin à Brice Hortefeux, lequel riait avec Jean-François Copé, en 2009, de sa propre “blague” : “Il en faut toujours un, quand y’en a un ça va, c’est quand y’en a beaucoup qu’y a des problèmes“. Désopilant non ?Mais de qui parlait-il ? De “L’Arhab de service” bien sûr, comme l’écrit l’ancien Sage, à la page 186 de son récent livre, intitulé Pourquoi on ne vous voit plus ? En tout cas, Rachid Arhab, on le lit et on l’entend à nouveau (écouter ci-dessous). Et honnêtement : ça fait du bien.Chapitre 27 (article publié le 28/04/2015)
Les goûts de luxe de Fleur PellerinIl y a quelques jours, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, avait allègrement surfé sur la vague anti-Mathieu Gallet et demandé publiquement des comptes au p-dg de Radio France, élu à l’unanimité par le CSA. Elle hausse à nouveau le ton aujourd’hui, suite à la révélation des frais de taxi de la patronne de l’INA et promet même “un code de bonne conduite pour les dirigeants des établissements publics“. Mais se souvient-on que lors de sa nomination au poste de secrétaire d’État au Commerce extérieur, Fleur Pellerin avait fait un énorme caprice pour son bureau ?
La cabale de ces derniers jours a bien failli avoir raison de Mathieu Gallet. N’était-il pas accusé de tous les maux et de toutes les dérives ? Que nous avait-on dit sur ses dépenses somptuaires, sur le bois de palissandre ornant son bureau, avant que l’IGF ne le blanchisse totalement… Loin de le soutenir au plus fort de la tempête, Fleur Pellerin n’a au contraire pas raté une occasion publique de le déstabiliser et de remettre ainsi en cause le choix du CSA.
Sans doute avait-elle oublié qu’elle avait refusé, quelques mois plus tôt, de s’installer dans l’aile du ministère des Affaires étrangères occupée jusque-là par Yamina Benguigui, l’ancienne ministre chargée de la Francophonie ? Fleur Pellerin avait même réclamé l’obtention d’un hôtel particulier dans le 7e arrondissement de Paris. Bien sûr, elle avait nié et déclaré, suite au déclenchement de la polémique : “Je ne suis pas fan de dorures !” Facile. Et tellement tendance.
Fleur Pellerin avait ensuite réclamé les anciens bureaux d’Hélène Conway-Mouret dans le 15e, avant de jeter son dévolu sur le bureau de l’ancien ministre délégué aux Affaires européennes, Thierry Repentin, pourtant promis à son successeur, Harlem Désir. Thierry Repentin, qui a raconté l’anecdote par le menu, a assuré qu’il avait fait fermer son bureau pour que Harlem Désir puisse le récupérer ensuite. “Pellerin était venue visiter mon bureau. Elle voulait le prendre. Le soir, on l’a fermé pour être sûr que Désir puisse l’utiliser.“Culture, dorures, déconfiture
Finalement maintenue dans les anciens locaux de Yamina Benguigui, Fleur Pellerin avait une nouvelle fois défrayé la chronique quand Le Canard enchaîné -déjà lui- avait révélé que la secrétaire d’État avait obtenu une enveloppe de 150.000 euros de travaux dans ses bureaux. Laurent Fabius était venu voler à son secours, déclarant : “Le devis des travaux est en fait de 77.000 euros, dont plus de la moitié concerne une cage d’escalier précédemment endommagée par un dégât des eaux.”
La petite histoire ne dit pas si, lorsque Fleur Pellerin se rend aux dîners mondains de Pascal Houzelot, quai Henri IV, la cage d’escalier est rutilante. Toujours est-il que la ministre de la Culture –et –surtout- de la Communication, vient de nommer le futur ex-patron de Numéro 23 chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Dorures, feux de la rampe, médailles en chocolat, on comprend que l’emploi du temps de Fleur Pellerin ne lui permette pas de lire Modiano. Il est vrai que pour le prix Nobel de littérature, Henri IV est avant tout un lycée.
Mise à jour de 17h44 : À la demande de Fleur Pellerin, la présidente de l’INA, Agnès Saal, démissionne.Chapitre 28 (publié le 29/04/2015)
Michel Boyon, le “sauveur” du MarocIl y a trois semaines, les Français apprenaient que le groupe NextRadioTv d’Alain Weill allait racheter la chaîne TNT Numéro 23 pour 90 millions d’euros. Michel Boyon, ancien président du CSA, qui avait octroyé en 2012 ce canal gratuit à son ami Pascal Houzelot, dans des conditions très contestables, a intelligemment utilisé une célèbre agence de communication pour faire diversion. De nombreux médias, du 4 au 7 avril 2015, soit au moment de l’annonce de l’acquisition, n’ont ainsi pas hésité à faire de Boyon “le sauveur du Maroc”. Mais qui a-t-il sauvé au juste ?
Articles dithyrambiques, vocabulaire pompier, emphase, grandiloquence, interviews admiratives, grands titres (strictement identiques), les médias français se sont soudainement emballés pour saluer “le rôle extraordinaire et crucial” joué par un personnage totalement tombé dans l’oubli : Michel Boyon, ex-président du Conseil supérieur de l’audiovisuel. « La population était très choquée et au Maroc, son nom et son visage sont désormais connus de tous », pouvait-on lire par exemple sur le site de BFM-RMC (lire ici). “Peut-on dire que vous avez sauvé le Maroc ?“, lisait-on encore dans Le Figaro, dans un publi-reportage à peine déguisé (lire ici).
Un nouveau messie…
Ainsi donc, le royaume chérifien avait-il accueilli sur son sol un nouveau messie ? Les populations étaient en liesse et l’injustice enfin réparée ! Mais de quoi s’agissait-il ? Michel Boyon, reconverti en avocat, avait défendu la cause de l’équipe de football marocaine devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Interdits de Coupe d’Afrique des Nations 2017 et 2019 par la Confédération africaine de football (CAF), suite à son refus d’organiser la CAN 2015 en raison de l’épidémie d’Ebola, les footballeurs marocains pourront donc participer au rendez-vous continental dans deux ans. Tout ça… pour ça ?
Pour Michel Boyon, l’enjeu était plus important qu’il n’y paraissait : il s’agissait, dans un timing parfaitement étudié, de “gaver” Google par une pseudo information immanquablement relayée par des médias se bornant à faire du copier-coller à partir d’un communiqué de presse d’agence. Ainsi, le nom de Michel Boyon ne serait-il pas associé à la revente scandaleuse de la chaîne Numéro 23, que les patrons de TF1, M6 et Canal + qualifient même de “fraude” mais uniquement au “sauvetage du Maroc“, même s’il était question de la simple participation d’une équipe de football à une compétition. Tout était dans le titre. Qui a dit que tous les journalistes avaient un esprit critique et se méfiaient des communicants ?… en conflit d’intérêts…
Rappelons que Michel Boyon est marié à Marie-Luce Skraburski, membre du comité de direction et consultante dans la célèbre “boîte de com” Image Sept, dirigée par Anne Méaux (ancienne figure du GUD, du PFN et d’Ordre Nouveau). Marie-Luce Skraburski a été chargée de la communication d’Alain Madelin au ministère des Entreprises et du Développement économique, puis au ministère de l’Économie et des Finances. Elle a enfin été conseillère du président de Radio France, chargée de la communication et des relations extérieures, un certain… Michel Boyon. Tout de suite, tout devient plus clair. Ou plus opaque. Cela dépend du penchant naturel, presse ou communication, fromage ou désert. Comme dirait un célèbre journaliste média à propos de l’actuel président de Radio France : “Pellerin a fait ping, Gallet a fait pong. Bilan : une démissionnée. En politique, il faut tuer et ne pas blesser”.Ambiance…
“La Tunisie, moi j’y vais”, peut-on lire en ce moment sur les murs de nos villes, dans une très belle campagne de communication incitant les Français à séjourner chez leurs voisins méditerranéens, en dépit de l’attentat du musée du Bardo, le 18 mars. Mais une fois encore, Michel Boyon avait été précurseur : peu de temps avant la Révolution, le patron du CSA se rendait à Tunis pour vanter les mérites du régime Ben Ali, déclarant : “Les Français soutiennent les efforts de ceux qui, comme la Tunisie sous l’impulsion du président Ben Ali, sont déterminés à lutter contre toute forme de passéisme ou d’obscurantisme qui conduirait à la régression sociale ou culturelle” (lire ici).
… Chez l’ami Ben Ali
Tant de clairvoyance confond. Il est vrai qu’Image Sept avait hérité du budget de la communication de Ben Ali. De nombreux journalistes et hommes politiques étaient alors invités dans de somptueux hôtels et chargés à leur retour en France de divulguer la bonne parole. Enfin, ces choses là ne se demandaient pas, elles coulaient de source entre gens de bonne compagnie, comme dans l’oasis de Ksar Ghilane. Il faut dire que la “promotion de la diversité” version Boyon, venu assurer le service après-vente d’Image Sept en apportant la caution de l’État français, ne s’embarrassait guère de nuances. Un peu comme un ancien président de la République, qui de retour d’un voyage aux États-Unis, déclarait : “Il me faut un Noir, ou mieux une Noire !“, d’après son ancienne ministre Roselyne Bachelot (lire ici).
Lors de son audition au CSA, le 8 mars 2012, pour sa chaîne Tvous la Télédiversité, devenue Numéro 23, Pascal Houzelot avait utilisé le même procédé, plaçant les personnes issues de la diversité “visible” au premier rang, avant de les éconduire sans autre forme de procès sitôt son canal TNT dans la poche, comme le dévoile aujourd’hui l’humoriste Yassine Belattar (lire ici), amer d’avoir servi de simple alibi pour ce qui n’a jamais été, au fond, qu’une affaire de gros sous. A l’aune de ce que l’on sait aujourd’hui, l’interview de Michel Boyon (voir ci-dessous) à la presse tunisienne, peu de temps avant la chute de Ben Ali et de son clan, résonne d’un écho tout particulier. Appelons cela : la discrimination sélective.Voici ce que Michel Boyon déclarait à la presse tunisienne en 2009 – Propos recueillis par Mohamed GONTARA, La Presse
Récemment de passage en Tunisie, Michel Boyon, Président du Conseil Supérieur français de l’Audiovisuel (CSA), a bien voulu répondre à nos questions.M. Boyon, vous qui suivez de près les transformations que connaît le secteur de l’audiovisuel en France et dans le monde, comment voyez vous l’évolution de ce secteur ?
Avec les révolutions technologiques, le monde de l’audiovisuel se transforme à un rythme stupéfiant. Je le rappelle, la mission de la radio et de la télévision, c’est d’informer, de transmettre la connaissance, de divertir. Le progrès rend la télévision accessible à tous. Les particuliers bénéficient de la baisse des prix des équipements domestiques, les procédés de diffusion des images s’améliorent sans cesse, de nouvelles chaînes apparaissent. On peut ainsi mieux répondre aux attentes et aux goûts de chacun. Mais il faut être conscient que certaines chaînes de télévision peuvent porter des messages de haine ou de violence : on ne doit pas rester inerte devant une telle situation. Lutter contre ce danger, qui ne connaît pas les frontières, est une responsabilité collective.Comment les médias tunisiens pourraient-ils tirer le meilleur parti des nouvelles technologies de l’information ?
Les Tunisiens aiment lire et écouter, s’informer et comprendre. La presse écrite, la radio et la télévision sont très présentes, en français, comme en arabe. Elles occupent une grande place dans la vie quotidienne et l’Internet devient quasiment accessible à tous. Je crois que, comme dans d’autres pays, il faut aller vers ce que l’on appelle le « média global », c’est-à-dire un rapprochement des médias écrits et audiovisuels, une mise en commun de moyens permettant d’ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles à celles et ceux qui travaillent dans les médias, mais aussi l’exploitation des potentialités d’internet par les médias classiques.Quelles sont les relations du Conseil Supérieur de la Communication avec le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel français ?
Ces relations se bâtissent. Elles reposent sur des échanges d’informations, sur des réflexions communes portant sur les sujets les plus variés : le contenu des programmes, la protection de l’enfance et de l’adolescence, les bouleversements technologiques. Je me félicite du développement des compétences du Conseil Supérieur de la Communication de Tunisie, ainsi que du renforcement du pluralisme dans sa composition. Le C.S.C. et le C.S.A. de France ont tous deux la conviction que l’audiovisuel jouera un rôle majeur dans le rapprochement entre les peuples. C’est pourquoi ils se tournent aussi vers les autres institutions comparables. La construction de l’Union pour la Méditerranée – pour laquelle la Tunisie a eu un rôle moteur – est un formidable défi pour l’avenir de tous les pays qui ont en partage cette mer, berceau de nombreuses civilisations. Déjà, on vient de jeter au Caire les bases d’une grande banque de programmes télévisés qui sera alimentée par les pays méditerranéens.Quelle importance le CSA accorde-t-il à la communication audiovisuelle dirigée vers la communauté maghrébine en France ?
Le CSA y est très attentif. L’intégration réussie est celle qui maintient un lien fort avec la langue, la culture, les traditions du pays d’origine. Nous avons accordé de nombreuses fréquences à des radios de langue arabe ou berbère. Nous avons aussi autorisé la diffusion de chaînes de télévision dont les programmes sont émis dans ces langues.Comment les Français perçoivent-ils la Tunisie?
Pour beaucoup de Français, le monde arabe est perçu comme un ensemble mystérieux et complexe. Mais ils sont aussi conscients de la nécessité de préserver, de renforcer sa stabilité et ses rapports traditionnels étroits avec l’Europe. La Tunisie a un rôle très important à jouer à cet égard, en raison de sa situation géographique, de sa contribution constante à la recherche de la paix, et de son influence internationale. Elle jouit d’un réel capital de sympathie, d’amitié, et même d’affection en France. S’il subsiste encore certaines incompréhensions, elles sont souvent dues à des idées préconçues. Le renforcement de la coopération entre la Tunisie et la France, la multiplication des échanges dans tous les domaines nous permettront de nous connaître mieux encore, de nous comprendre encore mieux et de contribuer à notre manière à un développement solidaire entre les deux rives de la Méditerranée. Chacun a sa musique à jouer !Quel message la France essaie-t-elle de communiquer vers le Maghreb ?
C’est un message de paix, de tolérance et de progrès. Un message respectueux des traditions et des valeurs de chaque pays du Maghreb. Il ne s’agit pas d’inciter à copier un quelconque modèle français. Au nom de quoi la France pourrait-elle prétendre imposer tel ou tel système ? Les Français souhaitent ardemment que la concorde règne entre les pays du Maghreb. Ils soutiennent les efforts de ceux qui, comme la Tunisie sous l’impulsion du Président Ben Ali, sont déterminés à lutter contre toute forme de passéisme ou d’obscurantisme qui conduirait à la régression sociale ou culturelle.Comment voyez-vous l’évolution de la Tunisie ?
Lors de mes séjours en Tunisie, je suis impressionné, comme toute personne qui se rend dans le pays, par le remarquable niveau de développement atteint ces dernières années. Tout visiteur constate que l’activité économique, la qualité de l’infrastructure et le niveau de vie des citoyens tunisiens progressent à un rythme soutenu. C’est d’autant plus méritoire que le pays n’a que peu de ressources naturelles. Il compense cette lacune en exploitant, avant tout, sa richesse humaine, en développant ses capacités industrielles, en promouvant des activités de services à forte valeur ajoutée, en accueillant des investissements étrangers productifs, sans oublier bien sûr le socle agro-alimentaire. C’est pourquoi la Tunisie me paraît mieux armée que d’autres, non seulement pour faire face à la crise économique mondiale, mais aussi pour relever les défis du développement durable et de la modernité.Et comment voyez-vous l’évolution de la société en particulier ?
La prépondérance de la classe moyenne, le nombre de foyers propriétaires de leur logement, les résultats obtenus dans les domaines de l’éducation et de la santé publique, le renforcement des dispositifs de solidarité sont autant d’atouts pour garantir la stabilité de la Tunisie et son progrès continu. Mais le plus spectaculaire tient à la place de la femme tunisienne dans la société. Le pays est à l’avant-garde pour les droits de la femme, ses droits civils et sociaux. Dans les faits, les femmes peuvent exercer toutes les activités, accéder à toutes les responsabilités. La situation des Tunisiennes est enviée à l’étranger ! C’est l’expression d’un modèle tunisien.Peut-on aussi parler d’un “modèle tunisien” pour le rapprochement culturel entre les nations ?
Ce qui me frappe, c’est la manière dont la Tunisie réussit à concilier authenticité et modernité. La modernité s’est parfaitement conciliée avec le respect des grandes valeurs auxquelles le peuple tunisien est profondément attaché. Les innombrables manifestations de l’expression culturelle tunisienne en sont les témoignages. Les multiples initiatives prises dans le pays pour favoriser le dialogue des cultures et des civilisations l’illustre également. De ce point de vue aussi, on peut parler d’un modèle tunisien.CSA : de la tartufferie du PS, de la supercherie de l’UMP
Un certain nombre d’articles de presse ont été publiés ces derniers jours pour fustiger les conditions de la nomination par le CSA de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. « Dysfonctionnements », « opacité », « bizarreries », les mots employés sont inhabituellement forts. L’UMP se saisit même de l’affaire et l’inscrit à l’ordre du jour de sa réunion de demain. Bizarre, vous avez dit bizarre ?Sénat : de la table ronde au cercle vicieuxSitôt connue l’annonce de la vente de Numéro 23 au groupe Next Radio TV d’Alain Weill, Catherine Morin-Desailly, présidente (UC) de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication au Sénat, dégaine son amendement jambe de bois. Elle propose ainsi d’augmenter à l’avenir les taxes en cas de revente d’une chaîne TNT. Et organise demain au palais du Luxembourg une “table ronde sur la radio” en présence de tous les patrons de stations, dont Alain Weill (RMC, BFM). Mais Sud Radio n’est pas invitée.-
Numéro 23, un scandale d’État – épisode 1
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“Un potentiel scandale d’État” (Le Point), “La bonne affaire de Numéro 23 devient l’affaire Numéro 23” (Challenges), “TNT: la polémique enfle” (L’Express), “La vente de la chaîne « Numéro 23 » suscite l’indignation” (La Croix)… Depuis que Pascal Houzelot a annoncé la revente de la chaîne Numéro 23 pour près de 90 millions d’euros, alors qu’il l’a obtenue gratuitement du CSA il y a tout juste deux ans et demi, la polémique ne cesse d’enfler. Quels sont les dessous de cette affaire du siècle ? Comment s’est jouée l’attribution des nouvelles chaînes de la TNT ?
Numéro 23, un scandale d’État – épisode 2
Comment Pascal Houzelot a réussi le casse du siècle avec la chaîne Numéro 23 ? Et d’abord, pourquoi ce chiffre, 23 ?CSA et France Télévisions : l’UMP continue son cinéma
Numéro 23, un scandale d’État – épisode 3
Pour Pascal Houzelot, Michel Boyon c’est le père Noël ! Il lui a offert gratuitement une chaîne de TV, qu’il s’apprête à revendre 90 millions d’euros alors que son audience est confidentielle.
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Pellerin, ministre de l’Aculture (et de la Communication personnelle)
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De l’affaire Mathieu Gallet à l’affaire Agnès Saal, en passant par le double langage relatif à la revente de la chaîne TNT Numéro 23, Fleur Pellerin multiplie les faux pas et les approximations, dans un secteur qu’elle pense être seulement de dorures et de paillettes. Initialement conseillère référendaire à la Cour des Comptes, son parcours illustre la dérive du système politique français, au sein duquel les hauts fonctionnaires peuvent successivement passer, en quelques mois, de la tête du ministère des PME à celle du secrétariat d’État au Commerce extérieur, au Tourisme et aux Français de l’étranger -et enfin à celle du ministère de la Culture et de la Communication, sans rien connaître ou presque aux dossiers dont ils ont la charge.
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Le “prince de la transparence” Sarkozy fait la leçon au pdt du CSA
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Auditionné hier par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le président du CSA a fermement défendu la régularité et l’impartialité du processus de nomination de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions. S’estimant victime d’une campagne de déstabilisation orchestrée – et ouvertement revendiquée – par Nicolas Sarkozy et docilement relayée par l’UMP, par certains candidats non retenus et même par des membres (restés anonymes) du CSA, Olivier Schrameck a répondu point par point aux questions souvent pleines d’arrière-pensées des députés.
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Numéro 23 : la tribune qui donne la nausée
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Au moment où Pascal Houzelot tente de revendre Numéro 23 à Alain Weill (RMC, BFM) et d’empocher au passage un pactole de 90 millions d’euros, “cinquante acteurs de la diversité”signent une tribune dans Libération et se disent “fiers du travail réalisé depuis trois ans” par la chaîne. Mais la plupart des signataires n’ont jamais regardé Numéro 23 ! Et pour cause : elle n’est qu’une vaste escroquerie intellectuelle doublée d’une insulte à toutes les diversités.Numéro 23, un scandale d’État – épisode 4
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