Le temps d’un week-end, les 2 et 3 décembre, lanceurs d’alerte, responsables politiques, penseurs, éditeurs et journalistes échangeront avec le public sur le lancement d’une alerte à travers le livre.
Un livre a le pouvoir d’éveiller les consciences. Pour sa troisième édition, le salon “Des livres et l’alerte” prend le manuscrit comme fil conducteur pour aborder tous les thèmes liés au lancement d’une alerte. “Le livre a vraiment la capacité de qualifier l’alerte, de fédérer et de mutualiser les expériences et les savoirs. En cela, le salon va au-delà de la simple rencontre avec des lanceurs d’alerte”, expose Daniel Ibanez, créateur du salon. Un événement pour réunir des acteurs différents et essentiels, qui témoigneront de leurs parcours à des tables rondes et des conférences organisées à la Maison des Métallos, dans le 11e arrondissement de Paris. Un lieu prêté pour l’occasion à l’équipe de bénévoles chargée de l’organisation.
La première journée sera inaugurée par une rencontre sur la prise de conscience de l’alerte et la traversée du miroir, avec le romancier Thomas Dietrich, qui a souligné le manque de démocratie au sein d’une instance censée être consultée pour établir les politiques de santé publique, et Nicolas Forissier, ancien responsable de l’audit interne d’UBS France. En parallèle, l’écrivain italien Erri de Luca et le journaliste d’investigation Denis Robert échangeront sur le thème “Ecrire et publier l’alerte”. Qui dit alerte dit également justice. Un terrain qui sera défriché par Céline Boussié, relaxée de sa poursuite en diffamation pour avoir dénoncé des cas de maltraitance au sein d’un établissement d’accueil d’adolescents handicapés, et Antoine Deltour, qui a saisi la Cour de cassation dans le cadre de l’affaire LuxLeaks. Une journée où sera également abordé le service public face à l’alerte ou ce que cache le phytosanitaire.
“L’idée de ne pas confondre délation et alerte est aussi au cœur de ce salon”, précise Fabrice Rizzoli, spécialiste des mafias et du crime organisé, co-organisateur du salon. “Lancer une alerte, c’est un signalement dans l’intérêt général pour lequel les personnes se mettent souvent en danger. Les procès baillons sont nombreux, tout comme la placardisation et les licenciements dans le monde du travail”, rappelle celui qui animera deux conférences. La première portera sur l’alerte face à la grande criminalité, avec la présence de Bruno Piriou pour évoquer notamment le “système Dassault”. L’autre sur “État et abus de droit” avec Élisabeth Borrel, l’épouse du magistrat retrouvé mort à Djibouti en 1995, ainsi que James Dunne, qui a lancé l’alerte après avoir découvert que le système de surveillance développé par l’entreprise dans laquelle il travaillait était destiné à Bachar al-Assad.
L’essentielle dimension du livre”
Parallèlement aux conférences, des ateliers avec de nombreux éditeurs sont organisés pour “écrire l’alerte et la publier”. Une première pour ce salon, qui souhaite cette année décrire la chaîne de l’édition, donner à comprendre son fonctionnement et inciter à l’écriture. “Les livres d’alerte ne sont pas seulement des documents ou des dossiers, ce sont aussi des histoires, avec l’émotion des personnes qui les ont écrites”, estime Daniel Ibanez. Une émotion qui sera soulignée par la présence de l’actrice française Ariane Ascaride, qui clôturera la première journée du salon par la lecture d’extraits de témoignages poignants de lanceurs d’alerte. Les rapports entre le journalisme et l’alerte auront également la part belle avec plusieurs rencontres sur ce thème. “La presse a démontré cette année, notamment à travers l’affaire Fillon, que l’alerte joue un rôle dans notre société. Il me semble important de rassembler tous les acteurs pour renforcer la transmission de l’alerte”, explique Daniel Ibanez. “Derrière chaque lanceur d’alerte, se cache le non-respect de la liberté d’expression, renchérit Fabrice Rizzoli. La liberté d’expression est la liberté fondamentale par laquelle un être humain peut se tenir debout et celle-ci est en danger en France. Il faut défendre les lanceurs d’alerte et la transmission de l’alerte par le livre, qui évite la délation. Malgré tout, à travers l’histoire, les livres sont plutôt brûlés parce qu’ils sont les amis de cette liberté.” Cette année, le salon est dédié à Daphne Caruana Galizia, journaliste d’investigation assassinée à Malte après avoir enquêté pendant des années sur les pratiques de corruption.
Garder la qualité des échanges et la chaleur humaine”
Pour la deuxième journée du salon, l’une des figures de l’alerte française, Irène Frachon, questionnera l’influence des lobbys et sa finalité, aux côtés de Daniel Ibanez et Isabelle Saporta. Les atteintes à l’environnement seront également au centre de la journée, avec une conférence sur le réchauffement climatique en présence de Coline Serreau, Serge Latouche et Fabrice Nicolino, ainsi que sur l’état des mers et l’“alerte bleue” qui l’accompagne. L’évolution des lois sera également décryptée par Marie-Christine Blandin et Virginie Rozière, la députée européenne à l’origine d’un rapport parlementaire sur la protection des lanceurs d’alerte au niveau européen. Comme l’année dernière avec la diffusion du film La Fille de Brest, le salon sera clôturé par une projection, celle du film de Pierre Pézerat Les Sentinelles. Le fils du lanceur d’alerte Henri Pézerat, acteur phare de la révélation du scandale de l’amiante, rend hommage à son père en partant à la rencontre de ceux qui dénoncent les effets sur la santé de l’amiante et des pesticides. Pour garder “la qualité des échanges et la chaleur humaine” qui qualifie le salon, selon ses organisateurs, la projection sera suivie d’une rencontre en présence de salariés de Nutré-Triskalia, qui ont témoigné publiquement des maladies induites par l’utilisation de produits toxiques dans le cadre de leur travail.
Salon “Des livres et l’alerte” – Les 2 et 3 décembre 2017, à la Maison des Métallos, Paris 11e.
Retrouvez ici le programme détaillé du salon.
Seront aussi présents au salon : Raymond Avrillier, à l’origine, entre autres, de la révélation de l’affaire des sondages de l’Elysée, la députée européenne EELV Michèle Rivasi, l’auteur et ancien élu Philippe Pascot , la lanceuse d’alerte Stéphanie Gibaud, et le climatologue et glaciologue Jean Jouzel.