L’Euro 2016 est une très bonne affaire pour l’UEFA, la fédération européenne de football qui organise cette compétition. Le Lanceur a pu consulter les lettres d’engagements signées par les ministres de Nicolas Sarkozy. Elles montrent toutes les facilités faites à l’UEFA : exonération fiscale, facilité d’entrée sur le territoire pour les détenteurs de billets, liaison aérienne.
À quelques semaines d’attribuer l’organisation de l’Euro 2016 à la France, l’UEFA a obtenu du gouvernement français, au début de l’année 2010, les gages qui lui étaient nécessaires. Tous les ministres dont le périmètre de compétences pouvait avoir un rapport avec l’Euro 2016 y sont allés de leur lettre à la fédération européenne de football pour leur assurer que rien ne viendrait entraver leur cahier des charges très exigeant. La douzaine de lettres, accompagnée d’une déclaration de François Fillon s’engageant à soutenir “totalement l’organisation de l’Euro 2016”, tisse le tapis rouge déroulé à l’UEFA. La lettre la plus coûteuse financièrement a été signée de la main d’Éric Woerth. Celui qui était à l’époque ministre du Budget promet à l’UEFA une exonération fiscale sur les recettes générées durant la compétition par la vente des droits télé, marketing et par les produits dérivés officiels de l’Euro 2016. Réaffirmé par le gouvernement de François Hollande à l’automne 2014, cet engagement débouche sur un manque à gagner fiscal de 300 millions d’euros pour les caisses de l’État. Pour Patrick Kanner, actuel ministre des Sports, c’est le prix à payer pour prétendre à l’organisation de ce type de manifestations.
24 millions pour la sécurité des fanzones
Il en oublie d’autres au passage. La France s’est ainsi engagée à ouvrir des couloirs aériens dans chaque aéroport desservant une ville hôte dans un laps de temps de 48 heures autour d’une compétition. Éric Besson, alors ministre de l’Immigration, avait assuré à l’UEFA que l’accès au territoire français serait garanti ou facilité pour tout détenteur de billets. L’État français a aussi promis à l’UEFA de veiller à la protection de ses marques et de leurs droits durant la compétition. Une lettre signée par Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur au moment de la candidature française, prend financièrement aujourd’hui des proportions plus importantes. Elle engage l’État français à prendre en charge financièrement toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de l’événement. Dans le contexte de menaces terroristes, ces dépenses ont explosé. Pour les seules fanzones, la facture des dispositifs de sécurité supplémentaires est de 24 millions. Une somme que ne prend pas en charge l’UEFA. Un principe que la France avait accepté dès 2010 au moment de sa candidature.
1 milliard d’euros d’impact sur l’économie
L’élu écologiste lyonnais Étienne Tête, opposant au stade de l’OL, a obtenu les lettres d’engagements après un long combat judiciaire et s’indigne des conditions imposées par l’UEFA : “C’est indécent. L’UEFA ne paie pas les stades, ne paie pas d’impôts et engrange l’argent.” Pour pouvoir prétendre au milliard d’euros d’impact économique généré par l’organisation de l’Euro 2016, la France a déjà dû dépenser beaucoup d’argent. 4 milliards d’euros, comme le révélait Le Lanceur en épluchant tous les contrats entourant la rénovation ou la construction des stades qui accueilleront les matchs de l’Euro 2016.