Une enquête interne de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) pointe des “situations à risques” de conflits d’intérêts au sein même de ses établissements et appelle à “changer d’époque”.
Après l’affaire du pneumologue de l’hôpital Bichat qui était intervenu en avril 2015 devant une commission d’enquête du Sénat sur la pollution atmosphérique alors qu’il avait touché plusieurs dizaines de milliers d’euros par an du pétrolier Total, une enquête interne de l’APHP commandée par la direction et révélée par le journal Le Monde pointe des “situations à risques” de conflits d’intérêts pour certains médecins du premier groupe hospitalier de France.
Selon l’enquête interne, “les rémunérations annexes, parfois opaques et élevées, sont des stimulants suffisamment importants pour que des professionnels se placent, de plein gré ou malgré eux, dans des situations à risques”. Les laboratoires pharmaceutiques dépenseraient 40 millions d’euros par an pour le déplacement des médecins d’APHP dans les congrès médicaux. Ce à quoi il faut ajouter entre “300 millions et 600 millions d’euros” chaque année pour la formation des médecins en France. Des formations obligatoires financées à 98% par les laboratoires.
Il faut que toute activité rémunérée au profit d’un industriel soit déclarée et bien soumise à autorisation préalable”
Le lien entre médecins et laboratoires profite aussi aux établissements, explique Le Monde. Pour les essais cliniques, l’industrie pharmaceutique rémunère des médecins sans aucun contrôle. La plupart du temps, des “associations” créées par les services hospitaliers gèrent ces rémunérations versées par l’industrie. L’APHP compte plus de 400 de ces associations.
Si les Hôpitaux de Paris réfléchissent à une “structure neutre” qui conserverait l’aide financière tout en supprimant le lien direct entre médecin et industrie, le directeur général de l’APHP, Martin Hirsch, ne souhaite pas couper tous les liens qui existent entre ces derniers : “Cela nuirait à la recherche et au progrès médical. Mais il faut clarifier certaines situations. Il faut que toute activité rémunérée au profit d’un industriel soit déclarée et bien soumise à autorisation préalable. Et éviter le lien de dépendance direct entre industriel et médecin.”