Le département de la Santé californien vient de reconnaître le risque potentiel des ondes émises par les téléphones portables pour la santé humaine. En France, les utilisateurs demeurent mal avisés de ce risque, pourtant souligné par l’OMS.
L’Iphone X au pied du sapin, un cadeau d’autant plus apprécié qu’il restera loin de la table de chevet. Qu’ils soit produits par Samsung, Nokia ou tout autre constructeur, les téléphones portables émettent des ondes électromagnétiques, qui peuvent se révéler nocives pour la santé (voir notre classement). L’OMS les classe en tant que “cancérogènes possibles pour l’homme”. Des ondes dont la puissance demeure mal connue. La faute à des tests biaisés, pointait le lanceur d’alerte français Marc Arazi, auprès du Lanceur.fr, il y a un an, évoquant un “Phonegate”, “un scandale à la Volkswagen”. Ce risque lié à nos chers portables, le département de la Santé de l’état de Californie vient de le reconnaître, en se basant sur de nombreuse études dont une de l’OMS. Et d’émettre des recommandations de sécurité pour s’en préserver. Notamment celle de ne pas dormir avec son téléphone. Pas si farfelu tant le portable a remplacé le doudou de nombreux adolescents… et adultes. On estime que 80% des utilisateurs dorment avec leur téléphone.
Doudou smartphone
“L’utilisation des téléphones portables a considérablement augmenté au cours des dernières années, y compris chez les enfants et les jeunes adultes”, introduit le département de la Santé californien. Or, certaines expériences en laboratoire ainsi que des études sur la santé humaine ont suggéré un effet possible à long terme des ondes émises par les téléphones cellulaires sur la santé humaine. Un impact potentiel dans l’apparition de cancers du cerveau, de tumeurs du nerf acoustique et des glandes salivaires, mais aussi sur la baisse du nombre de spermatozoïdes ou de leur efficacité. L’état californien évoque encore un possible lien entre utilisation intensive du portable et apparition de maux de tête, ainsi que des effets sur l’apprentissage et la mémoire, l’audition, le comportement et le sommeil.
Il faudrait interdire le téléphone jusqu’à 14 ans”
Pas de lien irréfutable mais un risque réel, d’autant plus important sur les mineurs. Sur la base d’études scientifiques, le département de la santé de Californie admet que les ondes émises par les portables peuvent “engendrer perte auditive, bourdonnement dans les oreilles, maux de tête et diminution du bien-être général” chez l’enfant. Afin de diminuer le temps d’exposition au cours de la vie, il est recommander de débuter l’usage du téléphone le plus tard possible. “Il faudrait interdire le téléphone jusqu’à 14 ans”, tranche Marc Arazi, se basant sur un rapport de l’Anses. “Le cerveau et le corps d’un enfant grandissent et se développent à l’adolescence, écrivent les autorités californiennes. Durant cette période, le corps peut être plus facilement affecté par l’énergie RF et l’effet peut être plus dangereux et plus durable”. Inquiétant au vu de l’attachement des ados à leur téléphone.
“Ne dormez pas avec votre portable”
Plutôt que de faire l’autruche, la Californie, qui abrite sur son territoire le siège d’Apple notamment, publie donc un vade-mecum de “conseils sur la façon dont les gens peuvent réduire leur exposition”. Une démarche entamée des 2014 à Berkeley ou San Francisco avec l’installation d’écriteaux mentionnant les risques liés aux portables dans les boutiques de téléphonie. “Garder votre téléphone à quelques mètres de vous peut faire un grand différence”, annonce le document. Pour cela plusieurs solutions comme utiliser le haut-parleur ou un casque au lieu de porter le téléphone à hauteur de la tête. Casque qu’il est par ailleurs recommandé d’enlever une fois la conversation achevée car ils “libèrent de petites quantités d’ondes même lorsque vous n’utilisez pas votre téléphone”. “Le haut parleur est mieux adapté, pour Marc Arazi. Il existe un doute sur le kit main libre”. Outre la tête, tous les tissus peuvent être pénétrés par les ondes, il faut donc conserver le téléphone loin du corps et le transporter dans un sac à dos, une mallette ou un sac à main. “Pas dans une poche, un soutien-gorge ou un étui à la ceinture”, insiste l’état californien. “Ne dormez pas avec votre téléphone dans votre lit ou près de votre tête”, précise encore le département de la Santé californien. Et pour ceux qui utilisent le réveil mettez le en mode avion et « gardez-le au moins à quelques mètres de votre lit”.
Ne transportez pas votre téléphone dans une poche, un soutien-gorge ou un étui à la ceinture”
“L’antenne de votre téléphone tente de rester connecté avec une tour de téléphonie mobile quand il est allumé, il émet une certaine quantité de radiofréquences même lorsque vous ne l’utilisez pas”, explique l’état de Californie. Or, “quand un téléphone envoie des signaux à une tour, les ondes électromagnétiques vont de l’antenne du téléphone dans toutes les directions, y compris à travers la tête et le corps de la personne utilisant le téléphone”. Il faut donc éviter les situations ou le téléphone émet beaucoup d’ondes. Quand le réseau est mauvais ou que l’on se déplace rapidement (voiture, train, bus…) les téléphones émettent plus d’ondes afin de maintenir les connexions. Idem pendant le téléchargement ou l’envoi de gros fichier et pendant le visionnage ou l’écoute en streaming. Le département de la Santé californien précise enfin que les “boucliers de radiations”, parfois vendus comme solution miracle, sont contre-productifs, car interférant avec le signal du téléphone, ils le forcent à émettre plus d’ondes.
Cette application californienne du principe de précaution est précurseur. En France, les autorités ont longtemps eu du mal à diffuser les informations sur la dangerosité des téléphones. Marc Arazi a dû lancer une procédure administrative pour obtenir la publication de tests sur les émissions d’ondes. Depuis l’organisme en charge du contrôle, l’Agence nationale des radiofréquences (ANFR) publie la liste des tests effectués tous les six mois, et a acquis des pouvoirs élargis. “Nous pouvons mener des actions contre les constructeurs, lancer un procédure d’amende par exemple”, explique Gilles Brégant, le directeur de l’agence, au Lanceur.fr. Marc Arazi lui, prône “le retrait de tous les téléphones dangereux et l’application du principe de précaution, comme la salmonelles on retire les lots”.