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EDF ne fait plus confiance à l’usine Areva du Creusot

Tour Areva à La Défense via Flickr (Guilhem Vellut)

Des dizaines de pièces issues de cette forge comportent des irrégularités de fabrication que le géant français de l’atome aurait tenté de masquer.

Greenpeace et le réseau “Sortir du nucléaire” ont obtenu que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) leur remette le rapport complet sur l’audit de l’usine Areva du Creusot. Quelque 87 pièces issues de cette forge, des pièces essentielles à la sécurité des réacteurs, comportent des anomalies. Pourtant, il a fallu batailler pour obtenir les informations précises.

Le 16 juin dernier, une version largement caviardée du rapport d’audit réalisé par la société Lloyd’s Register Apave avait été transmise à Greenpeace et au réseau Sortir du nucléaire. Des pages entières noircies au motif du secret industriel et commercial, invoqué par Areva. Après un avis favorable de la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada), le document complet est finalement communiqué le 17 novembre dernier. “Un dossier en anglais très technique dont nous avons l’intention de produire une analyse plus poussée”, nous précise une juriste du réseau Sortir du nucléaire.

Selon les premiers éléments publiés par Le Canard enchaîné ce mercredi, l’audit critique notamment le choix et le mode de conservation des échantillons qui témoignent de la qualité des pièces forgées.

“Areva a triché et dissimulé ses erreurs”

Le directeur de l’ASN lui-même, Pierre-Franck Chevet, évoquait fin décembre sur France Inter des “irrégularités” dans le processus de fabrication. Des “anomalies portant notamment sur les conditions de fabrication, sur les documents” et “dans un certain nombre de cas, […] les anomalies rencontrées s’apparentent à des faux”, ajoutait-il. “Areva a tout simplement triché et dissimulé ses erreurs”, écrivait le réseau Sortir du nucléaire en septembre dernier.

Toujours d’après Le Canard enchaîné, EDF refuse depuis avril 2015 toute nouvelle pièce de la forge du Creusot – même si celles déjà installées sont conservées. Si bien que l’exploitant des centrales se tourne vers de nouveaux constructeurs. Sans plus de succès. Pour preuve les défauts sur les générateurs de vapeurs du constructeur nippon Japan Casting & Forging Corp ont engendré l’arrêt de 18 réacteurs à travers la France.

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