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Hervé Gaymard multiplie les activités et les retraites

Durant la dernière législature, Hervé Gaymard a pu cotiser, à temps plein, à trois organismes de retraite différents. En tant que député et président du conseil départemental de Savoie, il était placé en détachement du ministère des Finances. Il se déclarait par ailleurs avocat dans un cabinet d’affaires pour une rémunération de 10.000 euros bruts mensuels.

Il ne peut pas être reproché à Hervé Gaymard de manquer de suite dans les idées. En 1994, le jeune député savoyard avait rendu un rapport parlementaire intitulé “Pour le droit à la pluriactivité”. Il se l’applique. Jusqu’en juin 2017, il a été député (LR) parallèlement à son mandat de président du conseil départemental, fonction qu’il a choisi de poursuivre quand l’entrée en vigueur de la loi sur le cumul des mandats l’a obligé à trancher. De par son statut de parlementaire – depuis 1993, avec une parenthèse de cinq ans (entre 2002 et 2007) et des parenthèses ministérielles – Hervé Gaymard a dû se mettre en détachement de son activité professionnelle : administrateur civil du ministère des Finances. Les fonctions parlementaires sont incompatibles avec l’activité de haut fonctionnaire. En situation de détachement, Hervé Gaymard a donc continué à prendre de l’avancement et à cotiser pour sa retraite depuis 1992, bien qu’il n’ait travaillé que deux ans comme fonctionnaire (entre 2005 et 2007) durant cette période. Mais ce n’est pas la seule caisse de retraite à laquelle cotise Hervé Gaymard. Il peut bénéficier, depuis qu’il a renoncé à son mandat de député, de celle – plutôt généreuse – des parlementaires. Faisant valoir son droit à la pluriactivité, Hervé Gaymard s’est aussi lancé, en plus de la présidence du conseil départemental et de l’Office national des forêts, sans oublier son mandat de député, dans une carrière d’avocat au sein d’un cabinet de droit des affaires : Denton. Il a déclaré à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique des revenus de 10.000 euros bruts par mois pour la période 2009 à 2011. Il précise d’ailleurs l’organisme auquel il cotise pour sa retraite : la Caisse nationale des barreaux français (CNBF). Malgré sa pluriactivité, il n’en oublie pas d’être prévoyant pour ses vieux jours. Quant à sa situation présente, elle a été très bonne jusqu’en juin. Il percevait le maximum d’indemnités prévues par la loi pour un élu, soit 8 200 euros par mois. Le tout en étant en détachement du ministère des Finances.

Les polémiques de monsieur

En 2009, alors qu’il présidait une mission parlementaire sur le prix du livre, Hervé Gaymard avait fait auditionner un avocat de Denton, le cabinet dans lequel il se déclarait comme avocat. En le présentant à ses collègues, il reconnaissait d’ailleurs que son invité “n’[était] pas un spécialiste du livre, mais bien en tout cas un amateur des livres, et il a par ailleurs des compétences ́tendues dans le domaine de l’économie des médias”. Un mois après la remise de ce rapport où il avait permis à Denton de faire valoir son point de vue, il intégrait le cabinet d’avocats, où il allait percevoir 10 000 euros de rémunération mensuelle. L’avocat de Denton plaidait pour un prix fixe et moins cher pour le livre numérique comparé à la version papier, un arbitrage qui fut retenu. Cette mission parlementaire avait à l’époque suscité une polémique. Hervé Gaymard est par ailleurs membre du conseil d’administration (à titre bénévole) de Dargaud, l’un des poids lourds de l’édition en France. Dont le président avait aussi été auditionné lors de la mission parlementaire sur le prix du livre. Mais, en matière de polémique, Hervé Gaymard a connu bien pire. Nommé ministre de l’Économie en 2005, il a dû démissionner au bout de trois mois à cause d’une affaire de logement de fonction. Le Canard enchaîné avait révélé que l’État réglait pour lui et sa famille un loyer de 14.000 euros pour un duplex de 600 m2. Hervé Gaymard s’enferma alors dans une défense catastrophique. Il déclara ainsi à Paris-Match : “Je n’ai pas de fric. Évidemment, si je n’étais pas le fils d’un cordonnier-marchand de chaussures, si j’étais un grand bourgeois, je n’aurais pas de problème de logement. Je serais propriétaire de mon appart’, et il n’y aurait pas toute cette affaire.” Sauf qu’au lendemain de la publication de ces propos Libération révéla qu’il était assujetti à l’ISF et qu’il possédait un appartement à Paris. Hervé Gaymard remboursa les loyers réglés par l’État ainsi que les travaux qui avaient été effectués avant qu’il ne prenne les clés de l’appartement. Mais il ne fut plus jamais ministre. Il retourna à l’époque au ministère de l’Économie comme administrateur civil, mettant fin à sa mise à disposition du fait de ses fonctions ministérielles.

La retraite de madame

Dans la famille Gaymard, sur le thème de la mise en disponibilité de la haute fonction publique, on peut aussi demander la dame, Clara Gaymard. Après une carrière de magistrate entrecoupée de mise à disposition ou de détachements pour d’autres missions publiques, elle demande en 2006 à être mise en disponibilité de la Cour des comptes pour aller présider la filiale française du géant américain General Electrics. Elle a mis fin à sa disponibilité en 2010, à 50 ans, pour faire valoir ses droits à la retraite et continuer à occuper différents postes à responsabilité au sein de GE jusqu’en 2016. Elle en est partie en 2016, sur fond de polémique avec le Gouvernement, qui reprochait à la multinationale américaine de ne pas avoir respecté ses engagements sur le maintien de l’emploi en France à la suite de l’acquisition d’Alstom par GE. Un drôle de retour sur investissement pour l’État.

 

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