Dans le journal de France 2, mercredi soir, Marc Guez, le directeur général de la Société civile des producteurs phonographiques, assure qu’il n’y a aucune garantie de ventes lorsque Johnny Hallyday sort un album. Les chiffres lui donnent tort.
On les imagine, dans les bureaux de Warner, le jour de la sortie du dernier opus de Johnny Hallyday. La boule au ventre, se rongeant les ongles avant les premiers retours des distributeurs, les employés attendent de savoir si le public répondra présent pour le 50e album studio de Johnny.
C’est un peu la scène surréaliste que le directeur général de la SCPP était sur le point de décrire dans le journal télévisé de France 2, mercredi soir. Dans la séquence L’œil de 20 heures, la chaîne du service public s’est penchée sur l’enquête réalisée par Le lanceur sur les aides à la création musicale versées par la SCPP, société regroupant les producteurs musicaux, dont les trois majors, les plus importants.
“Ce qu’on aide, c’est la prise de risque”
Des aides qui, loin d’aider à la promotion des jeunes talents, se concentrent sur les artistes renommés. Une stratégie surprenante mais qu’a défendue Marc Guez, directeur général de la SCPP, sur France 2. Sans sourciller, il affirme : “Ce qu’on aide, c’est la prise de risque.”
L’Oeil du 20H: subventions musique
Ainsi, chaque album de Charles Aznavour, d’Eddy Mitchell ou de Johnny Hallyday serait “une prise de risque” ? “Bien sûr”, répond un Marc Guez qui confie ensuite sa vraie inquiétude : “Vous ne savez absolument pas, de manière certaine, quel chiffre de ventes il va faire sur son prochain album.”
Un producteur qui ne se ferait pas assez d’argent avec l’album d’une tête d’affiche, la voilà, la véritable crainte de la SCPP. Pourtant, un simple regard sur les chiffres de vente pourrait apaiser les peurs de Marc Guez.
Pour Johnny Hallyday, un flop est disque de platine
En 1999, Johnny sort l’album Sang pour Sang. C’est le plus gros succès commercial de sa carrière, 2 millions de copies vendues. D’ailleurs, depuis vingt ans, tous les disques sortis par Johnny Hallyday se sont vendus à au moins 500.000 exemplaires. Tous sauf un, Jamais seul (2011).
La tuile, l’accident industriel. En effet, cet album ne sera acheté “que” par 180.000 fans. Suffisant pour être disque de platine.
Et, avec 155.584 euros de subventions reçues de la SCPP pour cet album, “l’accident” n’a pas dû faire trop mal à Warner, sa maison de disque qui, au passage, siège – comme les deux autres majors, Universal et Sony – au conseil d’administration de la SCPP. La preuve : loin d’être un monument en péril, Johnny s’est remis en selle un an plus tard et a sorti L’Attente. Résultat : 170.692 euros de subvention de la SCPP et un disque de diamant (au moins 500.000 ventes).
Heureusement que Marc Guez veillait, on a frôlé la catastrophe…