Le 18 octobre 2011, le CSA présidé par Michel Boyon lançait un appel à candidatures pour attribuer six nouveaux canaux sur la TNT gratuite. Fiducial Médias a participé à cette compétition, qui s’est révélée n’être qu’une farce.
Le jour même du dépôt des candidatures, nous connaissions ainsi les six lauréats. Nous avions déjà alerté à l’époque sur la revente de Numéro 23, cette chaîne n’ayant été attribuée, formatée et calibrée que dans ce seul but.
vient de déprogrammer sans plus attendre toute sa tranche “humour“. Exit Fritkot, Code Barge et Pour le meilleur et pour le pire, place à des rediffusions supplémentaires de Brothers & Sisters. Autre nouveauté pour la chaîne “100% fiction”, l’arrivée de la téléréalité sur sa grille.
“Qu’est-ce que vous pensez de RMC découverte qui voudrait diffuser la matinale de Jean-Jacques Bourdin sur son antenne ? demande le journaliste de LCI. C’est pas du tout la matinale de Jean-Jacques Bourdin, c’est un montage avec un certain nombre de pastilles qui correspondent à des extraits d’émission, répond Michel Boyon (ici) et c’est parfaitement en phase avec les principes posés par le CSA au mois de novembre. Le nombre des fréquences de télévision n’est pas illimité, dans une chaîne on ne peut pas se borner à reproduire le programme d’une autre chaîne de télé, mais là on est tout à fait en dehors de ce cas de figure, il n’y a pas de souci“.
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Nous voilà rassurés -il n’y a pas de souci- nous pouvons avaler la nouvelle pastille Boyon sans craindre de nous étrangler. Si cet homme n’existait pas il faudrait l’inventer, tant il décrypte avec allégresse et sans états d’âme, pour les idiots du village global que nous sommes, un monde devenu complexe. Au-delà de RMC Découverte, le signal est fort pour les autres groupes privés qui possèdent des stations FM –M6 et NRJ- et qui pourront à leur tour diffuser de la radio filmée, en haute définition s’il vous plaît et à condition qu’il y ait”montage d’extraits” (lire ici).
On en meurt d’envie, on est tout impatient. Car la radio à la télé, il fallait quand même y penser. Il y a des inventions, comme ça, qui n’ont l’air de rien. Et pourtant : enlevez deux roues et un peu de tôle à une voiture et vous avez une moto. Ôtez le moteur et vous venez d’inventer le vélo. Prenez du son radio en direct, coupez-le en séquences et diffusez en léger différé et vous voilà avec de la télé HD. Tuez l’amour-propre dans ce qui vous reste de cerveau disponible et vous carburez au Boyon.
Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent
Avec un régulateur aussi peu regardant (mais qui écoute beaucoup) on peut faire tout ce qu’on veut et renier un par un tous les engagements pris lors des auditions et signés dans les conventions. Les patrons de chaînes l’ont compris depuis longtemps, de toute façon ils règnent en maîtres au CSA, ils auraient tort de s’en priver, eux qui savent bien que les promesses sont de pure forme et n’engagent que ceux qui les reçoivent, comme le disait un homme politique que Michel Boyon a beaucoup fréquenté à une époque et qui voulait“terroriser les terroristes“. -
Ainsi, HD1, la chaîne “100% fiction” du groupe TF1, a déjà abandonné nombre de ses inédits (un mois après son lancement !), au profit de rediffusions et de programmes de téléréalité, l’émission Premier Amour débarquant ainsi tous les jours à l’heure du déjeuner, entre 11h40 et 13h50 et le samedi en “access prime time“. Bien moins cher… et de quoi contribuer un peu plus à la “meilleure télé du monde” (lire ici et ici).
A la tête de cette “nouvelle” chaîne, Céline Nallet affirmait pourtant le 23 novembre : “Nous avons beaucoup d’inédits dans notre grille. On se revendique chaîne de la création, mais aussi du cinéma, des séries et de la fiction. Au démarrage, nous avons 40% de programmes inédits entre 18h et minuit (…). Nous avons aussi 15% de l’offre longs métrages qui est inédite. Et pour ce qui est de la création, on en verra rapidement, au printemps 2013 au plus tard. Je pense qu’on tient notre promesse.”
Tout commentaire de saison serait cruel et superflu. On attend maintenant la prochaine étape, celle de la généralisation du téléachat, qui figure d’ailleurs déjà dans les conventions signées par les six chaînes avec le CSA (article 3-1-7). Mais ce qui serait vraiment innovant pour “l’intérêt du téléspectateur” – et je soumets l’idée à tous les patrons de chaîne – ce serait du téléachat à la radio, que l’on filmerait en haute-définition et dont on ferait des sortes de pastilles best of, le tout présenté et animé par “les quatre B“, soit, par ordre d’apparition à l’écran, Bourdin, Bellemare, Balit et Boyon. Carton assuré. C’est pas de la télé c’est de la radio. C’est pas de la radio c’est de la musique. C’est pas de la musique c’est du business. “Il n’y a pas de souci” : c’est parfaitement en phase avec les principes du CSA.
Chapitre 11 (article initialement publié le 21/01/13)
Michel Boyon, le guide Michelin des fromages de la République
À l’heure où Michel Boyon s’apprête à quitter la présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (le jeudi 24 janvier 2013 au matin), une information puisée aux meilleures sources institutionnelles nous apprend qu’il fait feu de tout bois pour être prochainement nommé membre du Conseil constitutionnel. Avant de commenter cette nouvelle aussi ahurissante que véridique, une rétrospective s’impose.
Auditeur puis maître des requêtes et enfin conseiller d’Etat depuis 1989, Michel Boyon aime décidément les conseils. Il aime d’abord en donner, beaucoup, notamment, depuis une dizaine d’années, aux patrons des entreprises de télévision et de radio, alors que lui-même n’a exercé, au cours de sa longue carrière administrative, que 36 mois à un poste de responsabilité opérationnelle dans un tel type d’entreprise.
Nommé à la tête de Radio France en novembre 1995, par le CSA, alors présidé par Hervé Bourges, il en fut en effet aimablement remercié par le même CSA, toujours présidé par Hervé Bourges, trois années plus tard, à l’issue donc de son premier et unique mandat. Michel Boyon détient ainsi le record historique de la plus courte présidence de Radio France depuis plus d’un tiers de siècle (à savoir depuis la naissance de cette société en 1975, en conséquence de la loi de 1974 “éclatant” l’ORTF), si l’on met à part les cas honorables de Michèle Cotta et de Roland Faure qui, eux, ne quittèrent prématurément cette présidence que par leur seule volonté et pour accéder à d’autres fonctions (respectivement présidente de la Haute Autorité en 1982 et membre “fondateur” du CSA en 1989 (ici).Débarqué donc de Radio France en novembre 1998, et cruellement blessé par cette décision du CSA sonnant comme une lourde sanction de son bilan, le conseiller d’Etat Michel Boyon mit quelques mois à retrouver un poste digne de ses éminentes qualités. Par défaut, ce fut, par la grâce d’un décret du 15 juin 1999, la présidence du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage, autorité administrative tout nouvellement créée par une loi du 23 mars 1999.
Vous n’aviez jamais entendu parler de ce schmilblick administratif, sis dans un immeuble cossu du quartier des ministères du 7e arrondissement de Paris, rassurez-vous, nous non plus. Toujours est-il qu’il s’agissait là de l’un de ces généreux et moelleux “fromages” que la République reconnaissante sait offrir à ses serviteurs zélés, avec traitement et voiture de fonction à la hauteur de leur noble mission. Ce “Conseil“, absolument indispensable à la vie de la nation, est composé d’un collège de 9 membres, disposant d’un mandat irrévocable de 6 années, dispositif exactement semblable à celui du CSA que l’intéressé rejoindra quelques années plus tard.
Monsieur le vice-Premier ministre
Malgré les avantages de la fonction, dont on peut imaginer qu’elle fut harassante, Michel Boyon ne resta que quatre années au “CPLD“, puisqu’en octobre 2003 il fut appelé à de plus flatteuses responsabilités et devint le directeur de cabinet du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Les ministres du gouvernement Raffarin se rappellent encore que, pendant ses 19 mois à ce poste qui donna à son titulaire l’ivresse et l’illusion d’incarner un vice-Premier ministre, Michel Boyon s’appliqua à leur prodiguer de nombreux et impératifs conseils et à s’immiscer sans détour dans l’activité de leurs propres cabinets ministériels.”Si l’on met la voiture France à l’envers, nous n’aurons plus la capacité de rebondir“, dit un jour, on s’en souvient, Jean-Pierre Raffarin, et son départ de Matignon le 1er juin 2005 n’incita pas son directeur de cabinet à retrouver d’urgence les pénibles servitudes du Conseil d’Etat, ses lourdes et longues procédures juridiques, et a fortiori les obligations de réserve s’imposant à ses membres. Aussi, dans la tradition “républicaine” constante qui s’applique à soigner les plus proches collaborateurs de nos principaux dirigeants, fut-il récompensé en étant parachuté quatre mois plus tard, par décret du 1er octobre 2005, à la présidence de la société Réseau ferré de France, créée en 1997 par scission de la SNCF, avec pour mission d’entretenir et de développer le réseau ferré national.On pressent immédiatement que les attributs de cette présidence pouvaient certes présenter quelques intérêts matériels, mais risquaient, en l’espèce, de conduire à une voie de garage. “La route est droite mais la pente est forte“, comme le disait Raffarin, qui affirmait aussi : “On n’a pas besoin d’être en pyjama pour exprimer ses convictions“.Du sarkozysme au hollandisme, Michel-Buzz-l’éclair
De fait, dès l’année suivante, en 2006 donc, Michel Boyon s’activa pour être nommé patron du Conseil d’Etat (très exactement “vice-président du Conseil d’Etat”, qui détient la fonction effective de président), c’est-à-dire rien moins qu’au neuvième rang de l’ordre protocolaire national. Hélas, malgré ses efforts et la mobilisation de tous ses réseaux, et en dépit notamment du soutien ardent de l’ancien Premier ministre Raffarin, Jacques Chirac choisit en septembre 2006 un autre candidat au profil sensiblement moins politique et plus consensuel, et à la carrière administrative autrement plus riche et complète, Jean-Marc Sauvé.Mais la faveur présidentielle sut néanmoins se montrer généreuse quelque temps plus tard, puisque, dès janvier 2007, après à peine 15 mois de présidence de Réseau ferré de France, Michel Boyon put retrouver un nouveau siège plus conforme à son imposante stature : celui de président du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Nommé là pour 6 ans, avec un salaire désormais supérieur à celui du président de la République et deux voitures de fonction (dont une grosse berline avec vitres fumées, qui fait pin-pon-pé pour traverser la Seine et se rendre à l’Elysée), Michel Boyon tenta même avec acharnement, de juin à décembre 2012, d’obtenir le bénéfice d’une prolongation exceptionnelle de son mandat pour une année afin”d’accompagner” l’élaboration et la mise en place de la nouvelle loi audiovisuelle annoncée pour le premier semestre 2013.
On ignore s’il entendait jouir en exclusivité de sa vision extensive de la durée légale des mandats ou bien s’il comptait en faire profiter aussi ses deux petits camarades, Alain Méar et Rachid Arhab, simples “conseillers“, également touchés par l’échéance de janvier 2013, toujours est-il que le Gouvernement lui fit savoir que cette farce n’était pas inscrite à l’ordre du jour, en tout cas pas sous cette forme.Papy fait de la résistance
Conseil d’Etat, Conseil de prévention et de lutte contre le dopage, Conseil supérieur de l’audiovisuel, sans compter une flopée de conseils d’administration où il siégea quelques demi-journées par an (France 2, AFP, CELSA, Réunion des musées nationaux…), il reste aujourd’hui à cet insatiable amateur de conseils, âgé de 67 ans le 30 avril prochain et admis à la retraite du Conseil d’Etat depuis le 3 juin 2011, à gagner son “bâton de maréchal” en s’asseyant au Conseil constitutionnel, pour un confortable mandat de 9 années. Cela tombe fort bien, car trois de ses membres doivent précisément le quitter dans quelques semaines, début mars 2013 : Mmes Jacqueline de Guillenchmidt et Claire Bazy-Malaurie, et M. Pierre Steinmetz.On peut supposer que, dans son actuelle campagne de candidature dans les coulisses de l’Etat, auprès des entourages tant du président de la République que des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, autorités désignant les membres du Conseil constitutionnel, Michel Boyon espère bénéficier du soutien actif d’au moins deux des membres partants : Pierre Steinmetz, son ancien condisciple à l’ENA, promotion Robespierre 1970, et qui le précéda au poste de directeur de cabinet du Premier ministre Raffarin de 2002 à 2003, et Jacqueline de Guillenchmidt, ancienne membre du CSA, de 1999 à 2004.Nul doute également que son épouse, directrice associée du fameux cabinet de lobbying Image 7, joue un rôle de premier ordre dans la mobilisation en sa faveur de tous les réseaux de pouvoir. On comprend par ailleurs que notre impétrant prenne tant de soin à exprimer publiquement l’admiration qu’il voue désormais à Olivier Schrameck, son successeur au CSA, qui fut justement secrétaire général du Conseil constitutionnel et reste très proche de l’actuel président de la République (voir par exemple son discours aux vœux du CSA, le mercredi 16 janvier, pour un moment de franche rigolade, musique d’ascenseur en prime, c’est ici).On saisit mieux enfin le sens de ses multiples prises de parole récentes, sonnant comme autant de déclarations d’allégeance, et tout particulièrement la ferveur avec laquelle, quelques semaines à peine après l’élection de François Hollande, Michel Boyon opéra un revirement total de ses positions passées en exprimant soudainement en juin 2012, et à maintes reprises depuis, son adhésion inconditionnelle et “militante” (sic) à un rapprochement entre le CSA et l’ARCEP, collant ainsi au souhait du nouveau président de la République, revirement qui cloua de stupeur (et d’inquiétude) l’ensemble des collaborateurs du CSA.L’Antéattila, partout où il passe l’herbe repousse
Il reste néanmoins douteux que cet activisme forcené aboutisse au succès. Objectivement, la partie de carrière de Michel Boyon réellement exercée au sein du Conseil d’Etat, donc dans l’exercice de missions juridictionnelles, fut somme toute de courte durée et essentiellement concentrée dans les lointaines années 70 et 80. Quant à ses passages dans les cabinets ministériels (directeur de cabinet de François Léotard et plus tard de Jean-Pierre Raffarin), ils furent marqués d’une couleur politicienne tellement indélébile qu’elle ne sied guère à l’impartialité et à la hauteur de vue que l’on attend des membres du Conseil constitutionnel. Enfin, la pratique du pouvoir exercé par Michel Boyon au cours des six dernières années, au CSA, ne lui décerne assurément pas ce brevet d’indépendance, comme on l’aura constaté à la lecture des précédents épisodes de notre “feuilleton CSA”.En définitive, la nomination surprise au Conseil constitutionnel de ce haut fonctionnaire très marqué à droite n’aurait pour le pouvoir actuel qu’un seul avantage tactique, mais léger et surtout de très courte durée : celui d’une pure communication politique, en vue de compenser une série de nominations “de gauche” autrement plus conséquentes, telle que précisément celle d’Olivier Schrameck à la présidence du CSA.L’argument n’est toutefois probablement pas suffisant pour donner satisfaction aux ultimes ambitions de Michel Boyon, même si en politique, les décisions ne sont pas toujours rationnelles. Il nous paraît donc temps de saluer le départ à la retraite de cet inestimable “grand serviteur de l’Etat“, en l’assurant de notre éternelle reconnaissance, à la fois pour avoir totalement éradiqué le dopage (CPLD), apuré la dette de la SNCF (Réseau ferré de France) et surtout pour avoir créé, au cours de son mandat au CSA et comme il le revendique lui-même en toute modestie, “la meilleure télé du monde“. Partout où il est passé, ce fut une franche réussite. C’est certes injuste, mais ce sont toujours les meilleurs qui partent.Chapitre 12 (article initialement publié le 23/01/13)
CSA et TNT HD : Boyon sur Europe 1, plus c’est gros plus ça passe
Invité ce matin sur Europe 1 dans l’émission de Jean-Marc Morandini, Le grand direct des médias, Michel Boyon, futur ex-président du Conseil supérieur de l’audiovisuel -il quittera ses fonctions ce soir à minuit- a dressé son propre son bilan. Forcément dithyrambique. Mieux qu’une exégèse, voici les meilleures répliques de cette pantalonnade, digne de la commedia dell’arte et nettement plus drôle qu’une série B sur Numéro 23, pour qui connaît les dessous du CSA, institution fantoche qui fait comme si elle avait du pouvoir, alors que toutes les décisions importantes sont prises à l’Élysée.Jean-Marc Morandini : Vous avez le sentiment d’avoir assumé pleinement et parfaitement vos fonctions ?
Michel Boyon : Alors la réponse est oui, et je vais en donner deux exemples. Le premier c’est que j’ai soigneusement relu ces dernières semaines tout ce que j’avais pu dire, notamment au micro d’Europe 1. Et tout ce que j’ai dit ou que j’avais promis a été fait ou entrepris. (…) Et puis deuxièmement, quand on regarde les choix du CSA, ses initiatives, ses décisions, elles n’ont pas été tellement critiquées pendant ces six années.
JMM : Ca a été efficace votre action ?
MB : On a essayé de travailler dans l’intérêt du public, dans l’intérêt de l’auditeur de radio, dans l’intérêt du téléspectateur. C’est ça qui est au cœur de notre mission. En même temps, on l’a fait en prenant en compte la dimension économique grandissante du secteur audiovisuel, ce sont des chaînes qui ont besoin de parvenir, ou de maintenir, l’équilibre financier. Et puis nous avons été très attachés au respect de grandes valeurs, qui sont le socle de notre République.
JMM : Michel Boyon, vous allez quitter le CSA, vous pouvez nous le dire maintenant : vous manquez de pouvoir au CSA !
MB : Je ne comprends pas pourquoi de temps en temps il y a des gens qui disent ça et comment un commentateur aussi aiguisé que vous peut-il le dire… Alors, c’est peut-être ce qui circule au bureau de la direction d’Europe 1…
JMM : Non, c’est moi qui vous le dis.
MB : Alors quels seraient les pouvoirs qui nous manqueraient ?
JMM : Pour sanctionner les chaînes par exemple. On a le sentiment que quand les chaînes dérapent un peu parfois, vous tapez à peine du poing sur la table, il n’y a pas de vraies sanctions.
MB : Il peut y avoir des sanctions financières qui sont quand même lourdes.
JMM : Vous en avez donné beaucoup pendant ces six ans ?
MB : Non, et nous en sommes très fiers. Parce que c’est précisément le dialogue avec les chaînes qui permet d’éviter que les dérapages ou les manquements ne soient trop graves. Le CSA est une maison ouverte, il est ouvert sur l’extérieur. Tous les jours il y a des dizaines de réunions, de rencontres, de coups de fil entre le CSA et les chaînes de radio ou de télé. Et c’est ça qui permet au système de fonctionner, sans qu’on ait à manier le gourdin, parce que ce n’est vraiment pas notre philosophie.JMM : Il faut remanier le CSA ? Réformer le CSA ? Changer le CSA ?
MB : Je ne vois pas pourquoi. (…) En revanche il y a une vraie question qui se pose, que le président de la République a soulevé pendant la campagne, et sur laquelle un processus a été engagé par le Premier ministre, c’est la question d’un rapprochement de la régulation de l’audiovisuel et de la régulation des télécoms, c’est-à-dire concrètement un rapprochement entre le CSA et l’ARCEP, les deux institutions de régulation. Moi je milite pour ce rapprochement, je milite depuis le mois de juin. Sitôt passées les élections législatives, dans un colloque public, j’ai dit : “Profitons de ce qu’une loi se profile à l’horizon pour y réfléchir, la France a besoin d’avoir des institutions de régulation qui soient dignes de l’année 2013 !”
JMM : “Vous pensez quoi de votre successeur ?”
MB : Je l’ai dit je le répète, je lui fais toute confiance. C’est quelqu’un qui a un sens de l’Etat et un sens de l’intérêt général très prononcé.
JMM : Il est là en sursis ?
MB : Pourquoi en sursis ?
JMM : J’ai entendu la ministre qui disait qu’en fait il était là juste de façon provisoire, en attendant une réforme.
MB : Je vais vous faire un aveu, je n’ai pas tout à fait compris cette phrase.
JMM : Quelle est la chose dont vous êtes le plus fier pendant ces six années au CSA ?
MB : Le plus fier… Je vais avoir du mal à hiérarchiser. Je vais vous en donner une ou deux quand même. C’est d’abord la TNT, ça c’est un beau succès, parce qu’on a généralisé la TNT à l’ensemble du pays, en métropole, outre mer. Et on l’a fait dans des conditions qui ont été, non pas parfaites, mais presque parfaites, et maintenant tout est en place, et la France est vraiment rentrée de ce point de vue, dans la télévision moderne.JMM : Est-ce qu’il n’y a pas quand même un regret pendant ces années, concernant la TNT, de voir qu’il y a eu assez peu de nouveaux groupes entrant finalement dans l’univers de la télévision ?
MB : Alors ça ce n’est sûrement pas un regret parce que je crois que le contexte est complètement différent de l’époque où on a commencé à penser à la TNT. Il y a des gens, je n’en étais pas, qui disaient, « cela va permettre d’avoir plein de groupes audiovisuels ».Nous avons besoin de groupes audiovisuels français qui soient forts. Ce ne sont pas des nains à l’échelle européenne, mais ils sont quand même de petite taille par rapport aux Murdoch, Bertelsmann, Mediaset de Berlusconi, etc., donc il faut qu’on ait des groupes forts, des groupes privés forts, un groupe audiovisuel public fort et pour cela il ne faut pas émietter. Alors il est toujours très précieux d’avoir quelques personnes qui ont des dimensions plus modestes, parce que ce sont des gens plus réactifs, plus innovants, mais on a besoin de groupes forts. Pas d’émiettement.
JMM : Vous avez subi le plus de pression de la part des politiques ou de la part des groupes média ?
MB : De la part des politiques aucune pression. Je le répète depuis 6 ans, évidemment personne ne me croit.
JMM : Je vous confirme qu’on ne vous croit pas.
MB : Mais oui, mais cela me navre et cela montre bien dans quel état d’esprit se trouve parfois ce pays. Donc la réponse est : des professionnels, moi je ne les considérais pas comme des pressions mais plutôt comme l’expression de ce qu’ils souhaitaient. Et j’écoute toujours. Après, je décide.
JMM : Il n’y a pas eu d’erreurs ?
MB : Alors des erreurs, non. Ca franchement, je n’en vois pas.
JMM : Le CSA est orienté politiquement ?
MB : Non. On ne parle d’ailleurs jamais politique.JMM : Mais les nominations sont politiques.
MB : Non, elles sont faites par des autorités politiques, ce n’est pas tout à fait la même chose.
JMM : Vous jouez un peu avec les mots là ?
MB : Non, je ne joue pas avec les mots, et je le sais puisque j’ai été des deux côtés de la barrière. Et on ne parle jamais politique au CSA, et je vous mets au défi de me dire quelle est la décision que nous avons prise dont on pourrait dire : « elle a été inspirée par des considérations politiques », au sens politicien ou politicard du terme.
JMM : Et le fait que les membres du CSA soient nommés par des organismes politiques, c’est une bonne chose ou pas ? Ou il faut réformer ca ?
MB : Ca c’est vraiment au législateur de choisir. (…) Mes camarades étrangers envient le système en disant : “C’est terrible parce que quand le choix est confié au Parlement, il n’y a rien à faire, il y a des partages qui se font entre la majorité et l’opposition. La majorité dit à l’opposition d’accord, je nomme 6 membres, toi tu en nommes 3 mais tu me renvoies l’ascenseur quand c’est moi qui serais dans l’opposition”. (…) Donc cela me fait drôlement réfléchir, et je pense que le système actuel a du bon.
JMM : Le président de France Télévisions nommé par le président de la République, il faut changer ça ?
MB : Je crois que ça va être changé, d’après ce que j’ai compris. Pour moi c’est vraiment une question d’appréciation qui relève de la loi. Je ne me suis pas prononcé lorsqu’il y a eu le changement en 2008. Je ne me prononcerai pas plus.
JMM : Votre mandat est fini, vous pouvez y aller !
MB : Non, parce que je suis respectueux de la souveraineté nationale.Chapitre 13 (article initialement publié le 25/01/13)
CSA, TNT HD et radio bistrot : Tiens, voilà du Bourdin !
Le 9 janvier 2013, nous écrivions déjà que RMC Découverte s’apprêtait à diffuser la matinale radio de Jean-Jacques Bourdin. Interrogé à ce propos sur LCI, Michel Boyon, ex-président du CSA, affirmait : “C’est pas du tout la matinale de Jean-Jacques Bourdin, c’est un montage avec un certain nombre de pastilles qui correspondent à des extraits d’émission“. Ainsi donc, une fois encore, nous n’aurions rien compris. Sauf que… Jean-Jacques Bourdin sera bien, à partir de lundi, de 7h à 8h30 en direct à la fois sur (la radio) RMC et (la télé) RMC Découverte, chaîne en haute définition normalement consacrée aux documentaires. Puis à 8h30, on le retrouvera en direct à la fois sur RMC et BFMTV. C’est beau, l’ubiquité.
“Je suis fondamentalement un homme de radio. La télé m’emmerde“, affirme Jean-Jacques Bourdin, qui enfonce le clou : “Je ne changerai rien à mon émission sur RMC, simplement elle sera à la fois en radio et en télévision“. Merci, c’est bien ce que nous avions compris, en dépit de notre faible QI et des singeries réitérées de M. Boyon, qui affirmait, main sur le cœur, qu’il n’en serait rien.
Son petit cadeau d’adieu en quelque sorte : chaque fois que les Français allumeront leur télé, ils auront ainsi une pensée émue pour cet adepte autoproclamé de la panenka, à la fois génial inventeur de “la TNT HD à écouter” et Pinocchio des temps modernes –plus ses démiurges l’animent, plus son nez s’allonge. S’il avait obtenu, ainsi qu’il l’espérait des socialistes, un an de plus à la tête du CSA, on aurait sans doute pu capter Al Jazeera sur le poste à galène de nos arrières grands-parents.S’il y en a un qui se frotte les mains dans ce nouveau tour de passe-passe, c’est bien Alain Weill, patron du groupe NextRadio TV. “Nous faisons jouer à plein les synergies entre les différents médias du groupe“, explique tout sourire celui qui rêve de remplacer tous les programmes télé du matin par ses programmes déjà diffusés à la radio. Facile et pas cher, d’autant que, selon le principe de RMC, “radio participative“, ce sont les auditeurs qui donnent le ton et remplissent l’essentiel de la grille. Un gigantesque café du commerce et une foire d’empoigne géante.
Rappelons, pour être tout à fait complet, qu’Alain Weill s’était fâché tout rouge quand Canal + avait fait part de son souhait de remplir la matinale de D8 avec les programmes de iTélé et que Michel Boyon lui avait rapidement donné raison. “Ce n’est pas la même chose, répond aujourd’hui Weill. Canal + voulait utiliser le même programme sur deux chaînes. Nous, nous faisons d’un côté de la radio, de l’autre de la télévision“.
Ah, c’était donc ça ! La panenka ! Un pénalty tiré tout doucement et vers le centre du but, histoire de leurrer le gardien qui part toujours à droite ou à gauche sans réfléchir… Ca marche encore, ces vieilles arnaques, en 2013 ? Peut-être, peut-être…
Chapitre 14 (article initialement publié le 26/01/13)
RMC ça ose tout, c’est même à ça qu’on la reconnaît
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“J’ai dit une beauferie, je suis allé trop loin“. Voilà comment Franck Tanguy, chroniqueur de l’émission Les Grandes Gueules sur RMC, s’est excusé après le dérapage sur Nafissatou Diallo dans l’affaire DSK. Coutumière de ces commentaires de café du commerce à l’antenne, qu’ils soient proférés par les auditeurs ou par les animateurs, RMC la radio s’apprête cependant à envahir un peu plus le petit écran, avec la complicité du CSA, grâce à la diffusion en direct de la matinale de Bourdin sur RMC Découverte. La beauferie radiophonique, en images et en haute-définition, ça donne quoi ? Réponse ce lundi 28 janvier, dès 7h00 du matin. Quand la vulgarité vient illustrer le degré zéro de la pensée.
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Lundi 21 janvier, les animateurs des Grandes Gueules, Alain Marshall et Olivier Truchot, ont invité Marie-Anne Soubré, avocate, Franck Tanguy, conseiller en investissement financier et Sophie de Menthon, chef d’entreprise, trois chroniqueurs réguliers. Dans leur échange, ils sont revenus sur l’accord financier d’un montant de 1,5 million d’euros entre DSK et Nafissatou Diallo. Rapidement, la discussion dérape. “Tu veux que je sois politiquement totalement incorrecte ?, lance Sophie de Menthon. Je me demande, c’est horrible à dire, si ce n’est pas ce qui lui est arrivé de mieux ! Moi je pense que l’argent qu’elle a gagné, qui lui permet d’élever sa fille, elle ne l’aurait jamais eu dans toute son existence et j’espère qu’elle oubliera ce moment extrêmement désagréable“.
Franck Tanguy n’est, quant à lui, “pas loin de penser la même chose“. Encouragée, Sophie de Menthon en rajoute alors une couche : “Il y a des femmes dans la rue, je suis sûre qu’elles ont pensé ça, en se disant j’aimerais moi être femme de chambre dans un hôtel et que ça m’arrive“. Marie-Anne Soubré, qui n’oublie pas, sans doute, qu’elle est juriste, tente tant bien que mal d’introduire quelques grammes de finesse entre ces propos de brutes, et affirme qu’ “un viol n’a pas de prix“. Loin de revenir à une expression plus modérée, Franck Tanguy poursuit de plus belle, estimant que Nafissatou Diallo vit “un conte de fée“. Avant de se lâcher totalement : “C’est un tromblon. Elle n’a rien pour elle. Elle ne sait pas lire, pas écrire, elle est moche comme un c** et elle gagne 1,5 million. C’est extraordinaire cette histoire !“. Marie-Anne Soubré pointe la “misogynie de ces propos” après que ce dernier ajoute : “C’est un horrible événement dans sa vie dont certainement elle se rétablira, mais pour elle c’est quand même… ça va quoi !“.
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De la mise en demeure… à la récompense
RMC, qui, à force de dérapages, devrait se lancer dans le sponsoring de rallyes automobiles, avait déjà été “mise en demeure” par le CSA, après des propos tenus sur la communauté asiatique. “Le Conseil a mis en demeure RMC de respecter l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986 qui dispose que les programmes des services de radio et de télévision ne contiennent aucune incitation à la haine ou à la violence pour des raisons de race, de sexe, de mœurs, de religion ou de nationalité“, peut-on encore lire sur le site de l’autorité administrative.Mise en demeure de pure forme, évidemment, qui a finalement abouti, sous la présidence de Michel Boyon, à une magnifique récompense : l’obtention pour le groupe d’Alain Weill, après BFM et BFM Business, d’une chaîne supplémentaire sur la TNT, avec autorisation de diffuser ses programmes de radio… à la télé. RMC en haute-définition, on a vraiment hâte. Juste pour trouver une raison sociale à Houzelot, patron de Pink TV et de la chaîne de la diversité, et aussi pour faire mentir Audiard, lequel a pu écrire : “Un gentleman, c’est celui qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de geste”.Chapitre 15 (article et vidéo initialement publiés le 24/01/13)
TNT : “Plus jamais ça !”, lance Thierry Braillard au nouveau président du CSA
La commission culturelle auditionnait hier Olivier Schrameck, avant de confirmer sa nomination comme nouveau président du CSA. Une formalité, puisque le PS est majoritaire dans les deux chambres et que ses élus n’avaient pas l’intention de contrarier le choix de l’Élysée. Mais l’audition d’Olivier Schrameck n’a pas été de tout repos. Si Rudy Salles (UDI) a pointé “l’absence de toute trace d’une connaissance avérée du monde audiovisuel” dans son CV, les questions les plus aiguisées ont porté sur l’indépendance de celui qui a été directeur de cabinet de Lionel Jospin.
Le député de Lyon, Thierry Braillard (PRG), s’il soutient la nomination d’Olivier Schrameck, l’a appelé à donner au CSA plus d’indépendance qu’il n’en a eu par le passé : “Plus jamais M. Scharmeck ce qui s’est passé sur l’attribution des chaines de la TNT” a-t-il conjuré, citant le recours au CSA du projet D-facto (porté par Lyon Capitale), et le fait que pour candidater à une chaîne, il fallait prendre rendez-vous avec les conseillers du Président de la République à l’Élysée : “Drôle de sentiment d’indépendance” a-t-il conclu.
Chapitre 16 (article et vidéo initialement publiés le 25/07/13)
CSA : “Plus jamais ça !” promet le député Thierry Braillard
A l’occasion de la discussion du projet de loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, Thierry Braillard, député du Rhône, cite Lyon Capitale à la tribune de l’Assemblée et dénonce “le scandale du CSA d’avant” (1ère séance du 24 juillet 2013).
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