Avec la future sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, plus aucun pays n’aura désigné l’anglais comme langue officielle. De quoi voir la langue disparaître des communications institutionnelles ? Pas si sûr…
La question se pose depuis les résultats du référendum britannique sur le Brexit. Avec la Grande-Bretagne hors de l’Union européenne, l’anglais va-t-il perdre de son influence dans les institutions européennes ?
Une hypothèse pas si farfelue puisque, comme l’a rappelé lundi Danuta Hübner, la présidente de la commission des affaires constitutionnelles au Parlement européen, “on a un règlement… Chaque pays de l’Union doit déclarer une langue officielle. Les Irlandais ont déclaré le gaélique, Malte le maltais, (Deux pays qui ont l’anglais parmi leurs langues officielles, NDLR) donc vous n’avez que le Royaume-Uni qui a déclaré l’anglais. Si nous n’avons pas de Royaume-Uni, nous n’avons pas d’anglais”.
Un discours déjà repris par la classe politique française, notamment aux deux extrêmes de l’échiquier.
L’anglais ne peut plus être la troisième langue de travail du Parlement européen #Brexit
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 24 juin 2016
La langue anglaise n’a plus aucune légitimité à Bruxelles. #Brexit
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 24 juin 2016
L’idée fait son chemin au sein même des institutions, relève le Wall Street Journal, qui cite un représentant de la Commission confiant qu’ils vont “utiliser davantage l’allemand et le français”.
Pour autant, une disparition de l’anglais est loin de faire l’unanimité. Sur BFMTV, le commissaire européen à l’économie numérique, Günther Oettinger, rappelle qu’une “série d’Etats parlent anglais et que l’anglais est la langue que nous acceptons tous”.
Interrogés par Germain Pirlot – Belge espérantiste, ancien professeur de français et d’histoire, connu pour être l’inventeur du terme “Euro” pour la monnaie unique –, plusieurs eurodéputés ont débattu de la question dans un échange de mails et rappelé l’intérêt de la langue de Shakespeare.
“La seule langue en commun pour toute l’Europe et le monde entier”
Ainsi, le député européen belge francophone Marc Tarabella estime que “l’anglais, qu’on le veuille ou non, est la langue à travers laquelle les gens se comprennent le mieux et arrivent à communiquer entre eux. L’anglais doit rester une langue officielle de l’Union européenne, c’est aussi la langue qui nous permet de communiquer avec le reste du monde”. Une vision partagée par l’eurodéputée portugaise Liliana Rodrigues, l’Espagnol Enrique Calvet Chambon ou encore le Britannique Charles Tannock, pour qui “l’anglais est appris par 97 % des jeunes écoliers dans toute l’UE et sera la seule langue en commun dans l’avenir pour toute l’Europe et le reste du monde entier”.
La solution, pour conserver l’anglais dans les travaux des institutions européennes, serait de modifier unanimement un règlement datant de 1958 sur les langues officielles de l’UE. Ce qui pourrait être le cas puisque, comme l’a reconnu Danuta Hübner, “l’anglais est la langue dominante”. Et celui qui est le plus utilisé par le personnel de l’Union européenne.