Marcel Rogemont, député socialiste d’Ille-et-Vilaine, vient d’être nommé rapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les conditions d’octroi d’une autorisation d’émettre à la chaîne Numéro 23.
Attribuée par le CSA époque Michel Boyon, alors aux ordres de l’Élysée et de Nicolas Sarkozy, la chaîne numéro 23 devait être “la chaîne de la diversité”. Elle est devenue la chaîne des émissions de tatouage, pour une audience mesurée par Médiamétrie à 0. Est-ce étonnant de la part de l’heureux bénéficiaire, Pascal Houzelot ? Grâce à son incroyable entregent, on lui devait déjà la chaîne des cultures homosexuelles, Pink TV, rapidement transformée en chaîne du porno gay. Mais l’important est ailleurs. Depuis le départ, il est clair que l’unique intention de Pascal Houzelot est de réaliser le casse du siècle en revendant rapidement une fréquence TNT obtenue gratuitement auprès du CSA. Tellement clair que le CSA, qui a pris un peu d’indépendance sous l’ère Olivier Schrameck, y a vu “une fraude” et a tenté d’en empêcher sa concrétisation en décidant le 14 octobr dernier “d’abroger l’autorisation de diffusion accordée le 3 juillet 2012“ à la chaîne Numéro 23. La décision était survenue parce que Lyon Capitale avait porté cette affaire à la connaissance du public. La chaîne, offerte gratuitement par le duo Sarkozy-Boyon au groupe d’Alain Weill, NextRadioTV (BFMTV, RMC…), allait se revendre deux ans et demi plus tard, comme prévu à la virgule près dans sa convention et dans son pacte d’actionnaires, pour la modique somme de 88,3 millions d’euros. Une décision historique, trop pour le Conseil d’État qui l’a invalidée.
“Hé Oh, on est chez nous !” Le livre qui va “alimenter” la commission
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Car il reste à comprendre pourquoi autant de bonnes fées se sont penchées sur le berceau de Numéro 23, et pour quels intérêts en retour. C’est là l’objectif de la mission d’enquête de l’Assemblée Nationale que vient d’obtenir le député socialiste Marcel Rogemont, et dont il a été nommé rapporteur. Pour les protagonistes de cette affaire, le pire est peut-être à craindre. Car Marcel Rogemont avait déjà présenté le 20 janvier à la commission des Affaires culturelles, un rapport d’information sur l’application, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), de la loi du 15 novembre 2013 relative à l’indépendance de l’audiovisuel public. Dans ce rapport, il revenait sur les conditions d’attribution par le CSA de la fréquence à Numéro 23, “qui a soulevé des interrogations très graves et préoccupantes sur la manière dont le CSA (…) a exercé sa mission de régulation. (…) Cette affaire a mis à mal les fondements même de la politique audiovisuelle et mis en lumière une série de graves manquements que la sanction historique d’octobre 2015 d’abrogation de l’autorisation de diffusion ne suffit pas à purger“, a expliqué l’élu socialiste.“S’agissant d’une autorité administrative indépendante, seul le Parlement est habilité à sanctionner ce que je pense être une ‘erreur’ (…), l’attribution d’une fréquence gratuite au projet Numéro 23“, avait alors ajouté Marcel Rogemont. Nul doute que son rapport sera très attendu. Il pourra pour mener l’enquête naturellement s’appuyer sur tous les éléments déjà dévoilés par Lyon Capitale et Lelanceur.fr, mais il aura aussi à sa disposition le nouveau livre de Didier Maïsto, pdg de Lyon Capitale, « Hé Oh, on est chez nous ! La télé française, entre no man’s land et mafia d’État », qui sort en kiosques, maisons de la presse et Relay le 2 juin 2016, avec des illustrations de Lefred-Thouron.