Dans une étude sur l’accès des jeunes à l’emploi, la Cour des comptes pointe des résultats médiocres malgré des moyens importants. En cause, notamment, le recours exagéré à des mesures principalement électoralistes, comme les emplois aidés, au détriment de la formation, solution plus efficace à long terme.
Et pourtant, l’argent ne manque pas. En 2015, 10,5 milliards d’euros ont été dépensés dans différents dispositifs censés permettre l’intégration des jeunes dans le monde du travail. Une belle somme passée au crible par la Cour des comptes, qui relève des “résultats décevants”.
Sur les 15-24 ans, population étudiée par la Cour, 23 % sont au chômage. Un chiffre alarmant alors que la jeunesse était la grande priorité du quinquennat de François Hollande.
Ce ne sont pourtant pas les dispositifs d’insertion qui manquent. Entre apprentissage, contrats aidés, formation ou accompagnement, les aides sont nombreuses. Mais en l’absence de pilotage global et de vision à long terme, ces dispositifs finissent par se concurrencer. Résultat : des effets qui ne sont pas à la hauteur des moyens engagés.
Concentrer les aides sur ceux qui en ont le plus besoin
Les résultats compilés par la Cour montrent que, malgré les aides qui sont mises en place, deux tendances lourdes subsistent dans l’accès des jeunes à l’emploi. Il est plus difficile de trouver un travail lorsque le niveau de formation est faible et lorsque l’on est issu des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
C’est cette incapacité à briser ces carcans qui pousse la Cour à proposer de “concentrer davantage les aides publiques sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi”. Pour qu’elles jouent enfin leur rôle, plutôt que de traiter indifféremment les jeunes qui sont déjà proches d’une entrée ou d’un retour sur le marché du travail de ceux qui ont un réel besoin d’aide.
La Cour des comptes relève surtout l’inefficacité du panel d’aides qui sont à disposition des jeunes. Ce ne sont pas nécessairement les jeunes les plus en difficultés qui bénéficient des dispositifs les plus renforcés. Par exemple, à Pôle Emploi, les jeunes chômeurs de longue durée ne sont que 27,6 % à bénéficier d’un accompagnement renforcé. Et déjà, en 2015, la Cour pointait la faible intensité des dispositifs d’accompagnement, à l’exception de la Garantie jeunes.
Les emplois d’avenir dans le viseur
Avec de telles observations, l’inefficacité des dispositifs d’aides à l’emploi des jeunes commencent à trouver une explication. Et elle devient totalement limpide lorsque la Cour des comptes s’attaque aux contrats aidés, type emplois d’avenir.
“Les objectifs n’ont pas été atteints”, notent les Sages, qui ajoutent que ce sont les jeunes déjà qualifiés qui en ont bénéficié en majorité, parce qu’ils étaient déjà opérationnels. C’est surtout une volonté politique qui est dénoncée à demi-mots, celle de privilégier un impact rapide sur les chiffres du chômage plutôt que de rechercher des solutions efficaces à long terme.
Les contrats aidés ont un “effet d’éviction” à l’encontre des autres dispositifs et ne sont pas assez associés à des formations professionnalisantes, ce qui leur permettraient de n’être plus qu’un pallier vers un accès à un emploi non subventionné. Ce n’est pourtant pas la direction prise actuellement par le Gouvernement, rappelée dans la réponse de Myriam El Khomri, ministre du Travail, au rapport de la Cour.
Des jeunes inaptes à la formation ?
“Les contrats aidés permettent de proposer un accès à l’emploi des jeunes non qualifiés qui rencontrent des difficultés particulières d’accès au marché du travail et pour lesquels une orientation vers une formation qualifiante n’est pas envisageable à court et moyen termes”, a notamment expliqué la ministre, justifiant qu’une partie de la jeunesse semble inapte à la formation.
C’est pourtant sur ce point que la Cour des comptes appelle les pouvoirs publics à insister, arguant que la formation reste aujourd’hui la meilleure chance de sortir durablement du chômage mais que ces dispositifs restent “trop peu utilisés”. Et s’avèrent même plutôt excluants pour les jeunes les moins qualifiés.
Simplifier la lecture des différents dispositifs, renforcer leur intensité, les concentrer sur les jeunes qui en ont vraiment besoin, privilégier la formation aux contrats aidés, les pistes d’amélioration lancées par les Sages sont nombreuses et la marge de progression est importante. À condition de le vouloir.