Il y a quelques jours, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, avait allègrement surfé sur la vague anti-Mathieu Gallet et demandé publiquement des comptes au p-dg de Radio France, élu à l’unanimité par le CSA. Elle hausse à nouveau le ton aujourd’hui, suite à la révélation des frais de taxi de la patronne de l’INA et promet même “un code de bonne conduite pour les dirigeants des établissements publics”. Mais se souvient-on que, lors de sa nomination au poste de secrétaire d’État au commerce extérieur, Fleur Pellerin avait fait un énorme caprice pour son bureau ?
La cabale de ces derniers jours a bien failli avoir raison de Mathieu Gallet. N’était-il pas accusé de tous les maux et de toutes les dérives ? Que nous avait-on dit sur ses dépenses somptuaires, sur le bois de palissandre ornant son bureau, avant que l’IGF ne le blanchisse totalement… Loin de le soutenir au plus fort de la tempête, Fleur Pellerin n’a au contraire pas raté une occasion publique de le déstabiliser et de remettre ainsi en cause le choix du CSA.
Sans doute avait-elle oublié qu’elle avait refusé, quelques mois plus tôt, de s’installer dans l’aile du ministère des Affaires étrangères occupée jusque-là par Yamina Benguigui, l’ancienne ministre chargée de la francophonie ? Fleur Pellerin avait même réclamé l’obtention d’un hôtel particulier dans le 7e arrondissement de Paris. Bien sûr, elle avait nié et déclaré, suite au déclenchement de la polémique : “Je ne suis pas fan de dorures !” Facile. Et tellement tendance.
Fleur Pellerin avait ensuite réclamé les anciens bureaux d’Hélène Conway-Mouret dans le 15e, avant de jeter son dévolu sur le bureau de l’ancien ministre délégué aux Affaires européennes, Thierry Repentin, pourtant promis à son successeur, Harlem Désir. Thierry Repentin, qui a raconté l’anecdote par le menu, a assuré qu’il avait fait fermer son bureau pour que Harlem Désir puisse le récupérer ensuite. “Pellerin était venue visiter mon bureau. Elle voulait le prendre. Le soir, on l’a fermé pour être sûr que Désir puisse l’utiliser.”
Culture, dorures, déconfiture
Finalement maintenue dans les anciens locaux de Yamina Benguigui, Fleur Pellerin avait une nouvelle fois défrayé la chronique quand Le Canard enchaîné (déjà lui) avait révélé que la secrétaire d’État avait obtenu une enveloppe de 150 000 euros de travaux dans ses bureaux. Laurent Fabius était venu voler à son secours, déclarant : “Le devis des travaux est en fait de 77 000 euros, dont plus de la moitié concerne une cage d’escalier précédemment endommagée par un dégât des eaux.”
La petite histoire ne dit pas si, lorsque Fleur Pellerin se rend aux dîners mondains de Pascal Houzelot, quai Henri IV, la cage d’escalier est rutilante. Toujours est-il que la ministre de la Culture et – surtout – de la Communication, vient de nommer le futur ex-patron de Numéro 23 chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Dorures, feux de la rampe, médailles en chocolat, on comprend que l’emploi du temps de Fleur Pellerin ne lui permette pas de lire Modiano. Il est vrai que, pour le prix Nobel de littérature, Henri IV est avant tout un lycée.
Mise à jour de 17h44 : À la demande de Fleur Pellerin, la présidente de l’INA, Agnès Saal, démissionne.
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