Le Lanceur

L’Union des taxis prête à attaquer La Poste

Une file de taxis pendant une grève à Marseille / AFP PHOTO / BORIS HORVAT

Selon les informations du Lanceur, l’Union des taxis a saisi la direction générale de la répression des fraudes. Dans son viseur : l’expérimentation bientôt menée par la Poste, qui souhaite faire de ses facteurs, des chauffeurs pour seniors. Une plainte contre le groupe postal pourrait suivre.

Les postiers bientôt chauffeurs pour seniors ? C’est en tout cas ce que prévoit une expérimentation lancée par La Poste à Belleville, dans le Rhône, selon une information révélée par Le Lanceur au début du mois d’avril. Il s’agirait pour le groupe postal de transporter, sur réservation, des personnes âgées sur de petits trajets. Une prestation effectuée pour le compte d’une société parisienne, Cityzen mobility.

Avec cette nouvelle mission, la liste des activités des facteurs pourrait donc s’allonger encore un peu. Un enjeu pour le groupe qui souhaite diversifier ses missions pour pallier la diminution de l’activité courrier.

La DGCCRF saisie

Mais cette nouvelle expérimentation interpelle les syndicats de postiers comme FO qui interroge sur l’organisation, la formation et les responsabilités des employés des postes quant à la prise en charge du transport de personnes âgées. Et ils ne sont pas les seuls à grincer des dents.

Les taxis ne cachent pas non plus leur mécontentement à l’idée de voir la Poste se lancer sur le marché du transport de personnes.

L’union nationale des taxis vient d’ailleurs de saisir la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes pour “avoir toutes les explications sur cette expérimentation”.

“De mon point de vue, tout cela me paraît totalement illégal. De quelle autorisation de transport de personne à titre onéreux dispose La Poste ? Les facteurs ont-ils une carte professionnelle de VTC par exemple ? Dans quel cadre légal pourraient ils exercer cette activité ?”, interroge Jean-Paul Durant, président de l’union nationale des taxis dans le Rhône. “Comme dans le cas d’Uber, cette problématique dépasse le simple cas des taxis. Est-ce qu’on est prêts à accepter que dans notre société, chacun fasse tout et n’importe quoi?”

Retard

Selon nos informations, la mise en place de l’expérimentation à Belleville aurait pris du retard. Elle devait initialement débuter en avril, mais les facteurs volontaires n’ont pas encore bénéficié des deux demi-journées de formation prévues par la Poste avant d’assurer cette nouvelle mission.

En outre, dans la mise en place de ce service, La Poste pourrait se heurter à un problème technique. D’après les documents que nous avons pu nous procurer, la prestation de transport opérée par le postier se fait pendant les heures de tournée, avec son véhicule de service, une Kangoo électrique en configuration “utilitaire”. Outre le chauffeur, ne reste donc disponible qu’une place dans la voiture. Or, la législation dispose qu’un véhicule de transport de public doit être au minimum équipé de quatre places et quatre portes. Une faille selon l’union des taxis. Un cadre de La Poste reconnaît cette difficulté mais précise tout de même que des “ajustements du parc automobile seront toujours possibles à la marge”.

“On ne laissera pas cette expérimentation se faire”, prévient Jean-Paul Durant, particulièrement remonté par ce qu’il décrit comme une concurrence déloyale. Selon le retour que fera la DGCCRF, l’Union des taxis affirme qu’elle pourrait être amenée à déposer plainte contre la Poste.

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