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Nicolas Sarkozy en garde à vue pour les soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007

L'ancien président de la République Nicolas Sarkzoy ©AFP PHOTO-Valery HACHE

L'ancien président de la République Nicolas Sarkzoy ©AFP PHOTO-Valery HACHE

L’ancien président de la République est entendu depuis mardi matin dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption de la police judiciaire de Nanterre, dans l’affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.

Une nouvelle affaire rattrape Nicolas Sarkozy. L’ancien chef de l’État a été placé en garde à vue ce mardi matin. Il est entendu par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre, près de Paris, ont révélé nos confrères de Mediapart et du Monde dans la matinée.

C’est la première fois que Nicolas Sarkozy est entendu dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, depuis l’ouverture d’une information judiciaire en avril 2013.

Un an plus tôt, Mediapart publiait une note qui laissait penser à une possible participation financière de la Libye, alors dirigée par Mouammar Kadhafi, dans la campagne présidentielle qui a porté Nicolas Sarkozy au pouvoir au printemps 2007, ce que l’ancien président a toujours démenti.

Ces soupçons relevaient alors principalement des accusations formulées par l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takkiedine et d’autres anciens responsables libyens. Présenté comme un personnage clé de l’enquête, Alexandre Djouhri a été arrêté en début d’année à Londres. Une audience sur une possible extradition vers la France est prévue en juillet.

Joint par Sud Radio, le fondateur de Mediapart Edwy Plénel estime que les enquêteurs ont “tous les éléments qui attestent qu’il y a bien eu promesse, puis début de versement d’argent par la dictature libyenne pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007”.

“On verra au bout de ces 48h de garde à vue à l’Office anti-corruption de Nanterre, si, comme c’est probable, (…) il est mis en examen”, a-t-il ajouté, évoquant également, au-delà des versements d’argent, “de très lourdes interrogations sur ce qu’a signifié la guerre et l’intervention de 2011 où, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, la France a été au-delà du mandat des Nations Unies en renversant le régime libyen, comme si on avait voulu effacer des traces”.

Outre Nicolas Sarkozy, l’ancien secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant a été mis en examen dans cette affaire, pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. Les magistrats s’interrogent sur la provenance d’un virement de 500.000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008. Pour l’intéressé, cette somme est le fruit de la vente de deux tableaux.

Il y a près de deux ans, la justice suisse avait ordonné la transmission de documents à la France tendant à prouver l’existence de versements occultes en provenance de Libye, autour de la vente d’une villa à Mougins, sur les hauteurs de Cannes, achetée en 2009 par une filiale suisse d’un fonds souverain libyen.

 

Vous n’avez pas honte ?”

 

En novembre 2016, en pleine campagne primaire à droite pour l’élection présidentielle 2017, Ziad Takkiedine, dans une interview accordée à Mediapart, avait relancé l’affaire en affirmant avoir délivré 5 millions d’euros dans des valises directement au ministère de l’Intérieur, deux fois dans le bureau de Claude Guéant et une fois dans celui de Nicolas Sarkozy.

Interrogé alors par Le Lanceur, Jean-Christophe Picard, président d’Anticor, parlait d’“un témoignage qu’on ne peut pas évacuer d’un revers de manche, car il est quand même très sérieux, étayé et corroboré par d’autres témoignages ou des éléments matériels”. C’est pourtant ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy lors d’un débat télévisé, quelques heures après les révélations, répondant simplement au journaliste qui l’interrogeait sur la question : “Quelle indignité ! Nous sommes sur le service public, vous n’avez pas honte de donner écho à un homme qui a fait de la prison, qui a été condamné à d’innombrables reprises pour diffamation et qui est un menteur ? Ce n’est pas l’idée que je me fais du service public. C’est une honte.”

La garde à vue de Nicolas Sarkozy peut durer jusqu’à 48 heures, avant, éventuellement, d’être suivie par une présentation à un juge qui pourrait prononcer sa mise en examen.

 

Retour sur les affaires judiciaires qui touchent Nicolas Sarkozy depuis qu’il a quitté l’Élysée

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