L’agrandissement de l’aéroport actuel de Nantes n’aurait pas d’impact négatif sur la faune du lac voisin, argument pourtant brandi par les défenseurs du projet de transfert à Notre-Dame-des-Landes. Ce sont les services de l’Etat qui le disent, dans un rapport de 2014 jamais publié, dévoilé par Le Canard enchaîné.
L’Etat a-t-il sciemment caché des études allant à l’encontre du transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes ? Au moment où François Hollande s’est résolu à consulter la population locale pour trancher la question, Le Canard enchaîné publie des extraits d’un rapport qui va à l’encontre des arguments environnementaux des partisans du projet.
Agrandir l’aéroport de Nantes et développer son trafic n’aura pas d’impact sur la faune du lac de Grand-Lieu, qui borde les pistes. Ce ne sont pas les associations écologistes qui le disent, mais les services déconcentrés de l’Etat, la Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), dans un rapport remis au préfet des Pays-de-la-Loire en septembre 2014.
“Le préfet a menti aux associations puis aux juges du tribunal administratif”
Ce rapport n’a jamais été rendu public ni communiqué aux associations et ONG qui avaient pourtant demandé à pouvoir consulter tous les documents sur les incidences environnementales du projet de Notre-Dame-des-Landes. Ce rapport indiquait pourtant clairement que “l’allongement de la piste de l’aéroport de Nantes-Atlantique ne présent[ait] pas de risque pour la faune de la réserve et n’augment[ait] pas le péril aviaire”.
“Le rapport de la Dreal ne nous a jamais été communiqué, il a donc été dissimulé par la préfecture”, dénonce l’ONG France Nature Environnement, ajoutant que l’argument environnemental a été “utilisé par la préfecture elle-même devant le tribunal administratif de Nantes (…) Le préfet n’a ainsi pas hésité à mentir aux associations de protection de la nature puis aux juges du tribunal administratif”.
Ce rapport va même plus loin, indiquant que le transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes aurait des effets plus nuisibles pour l’environnement. Il entraînerait une urbanisation “prévisible” de la zone de l’actuel aéroport “qui serait préjudiciable aux équilibres écologiques de la réserve”.
Valls : “Notre-Dame-des-Landes est important pour l’environnement”
Si l’intérêt économique du projet de Notre-Dame-des-Landes est souvent mis en avant, Manuel Valls, à l’Assemblée nationale le 4 novembre dernier, soit plus d’un an après la remise du rapport de la Dreal, n’avait pas hésité à évoquer des considérations environnementales pour défendre le projet : “Le projet Notre-Dame-des-Landes est important pour l’environnement. L’actuel aéroport [Nantes-Atlantique] est au contact de trois zones Natura 2000, il n’est donc pas souhaitable de l’étendre. Si on veut être cohérent avec le rendez-vous de la Cop 21, alors il faut poursuivre les travaux.”
Alors que se profile le référendum local annoncé par François Hollande, les associations craignent un débat biaisé par la dissimulation “d’autres analyses défavorables à ce projet”. France Nature Environnement demande “que tous les documents utiles à la compréhension du dossier soient enfin mis sur la table”, faisant valoir que “l’hypothétique référendum à venir ne saurait être organisé sur le fondement d’un mensonge d’Etat”.