Le Canard enchaîné du 8 juillet nous apprend qu’une étude de Médiamétrie consacrée aux programmes de la chaîne entre décembre 2014 et mai 2015 montre que la prétendue “télé de toutes les diversités” n’a tenu aucun de ses engagements vis-à-vis du CSA.
Pour la première fois dans l’histoire de Médiamétrie, Numéro 23 a été mesurée il y a quelques semaines à… 0% de part d’audience. Son meilleur score (0,7%) est réalisé par ses émissions consacrées… au tatouage. Et encore ce “pic” a-t-il rarement été atteint, le tandem Houzelot vendeur-Weill acheteur ne le mettant en exergue que pour tenter de justifier l’himalayesque prix de vente de la chaîne (90 M€), à partir d’une ressource publique gratuite -il est toujours utile de le rappeler.
Plus de la moitié de son temps d’antenne (54%) est en outre occupé par de la téléréalité archi bas de gamme, dont on ignorait même qu’elle pût exister, via des “documents” déjà multidiffusés, achetés au kilomètre et au rabais à l’étranger, quand les sociétés françaises d’auteurs (Sacem, SCAM et SACD) ont dû assigner Numéro 23 en justice, au mois de mai dernier, pour non-paiement des droits (1 M€, réglé depuis).
Au rayon des programmes, on trouve ainsi l’indispensable “Chasseurs de bolides” et l’extraordinaire “Phénomène paranormal”, une farce censée donner vie aux témoignages de personnes ayant vu des fantômes, mais aussi l’inénarrable “Créatures extrêmes : le défi”, au cours duquel des illuminés s’affrontent en construisant “des monstres effrayants” en latex, ou encore l’improbable “Face Off” -là, il s’agit de maquiller le simple pékin “en fantôme, en Frankenstein ou en Mère Nature”, selon le site Internet de la chaîne…
“La nuit, tous les chats sont gris”
Et la diversité, dans tout ça ? Selon Médiamétrie, seulement 9% du temps d’antenne de Numéro 23 y est consacré, alors même que cet “engagement” avait séduit in extremis et par une sorte de miracle collectif au moment du vote, en mars 2012, sept des neuf Sages du CSA… lesquels, lors de l’audition de Pascal Houzelot et de ses improbables amis (1) avaient préalablement fait preuve d’un enthousiasme assez limité, quand ce n’était pas de l’agacement.
“Africa Newsroom” (2) et “Ca fait débat”, talk-shows consacrés au continent africain, ou encore “La 23e dimension”, baptisée par la chaîne “d’ovni télévisuel unique” sont diffusés très tôt le dimanche matin ou la nuit, ce qui fait dire à notre confrère du Canard : “La diversité, c’est surtout quand il fait noir”.
En réalité c’est même pire : quels que soient désormais les programmes diffusés, plus personne ne regarde Numéro 23. Médiamétrie le confirme : même la chaîne s’est transformée en fantôme !
(1) Un trio inédit accompagnait Pascal Houzelot : David Kessler, alors directeur des Inrocks et futur conseiller médias à l’Elysée, Damien Cuier, ex-dirigeant de France Télévisions et de Freemantle et Véronique Bernis, directrice générale adjointe de GDF-Suez, devenue Engie. Plus tard, comme le révèleront Lyon Capitale et Le Canard enchaîné, le pacte d’actionnaires fera apparaître des personnages encore plus inattendus : al-Thani, l’émir du Qatar, grand ami personnel de Nicolas Sarkozy et Alicher Ousmanov, oligarque russe, 71e fortune mondiale, tous deux passionnés sans doute par “la diversité” et “la prise en compte de tous les handicaps” à la télé française.
(2) Il s’agit en fait… d’un décrochage de Numéro 23 (depuis le 14 octobre 2013) avec la matinale de la chaîne africaine d’information en continu Africa 24 ! Quand un canal en diffuse un autre… et tente de se revendre 90 M€. Incroyable. Mais vrai.