Nous avons joint un banquier d’affaires exerçant en Europe, qui a accepté de répondre à nos questions sous couvert d’anonymat.
Lyon Capitale : Patrick Drahi peut-il rembourser sa dette ?
“Quand vous avez un capital de 100 et une dette de 100 000, le propriétaire, c’est le créancier. Voilà ce que je peux vous dire, c’est simple à comprendre ! Patrick Drahi est en réalité déjà en faillite. Pour prendre des exemples qui vous parlent, SFR est déjà en faillite, Libération et L’Express sont déjà en faillite, etc., etc.
“Donc, c’est surtout aux créanciers qu’il faut poser la question. La dette totale ne sera jamais remboursée, c’est un système qui ne peut fonctionner que dans le mouvement. Les marchés fonctionnent comme ça, il ne faut pas que la baisse soit trop brutale, trop rapide, c’est tout.”
Panama, Guernesey, la Suisse, le Luxembourg… C’est de l’optimisation fiscale ?
“La question ne se pose absolument pas en ces termes. Qui prête de l’argent à Patrick Drahi ? Les banques, par le biais de fonds divers et variés, qui transitent par des paradis fiscaux !”
Ce qui signifie ?
“Ce qui signifie que dans tous les cas de figure et de quelque manière que vous envisagiez la question, Altice n’est pas et ne sera jamais un groupe français, si c’est le fond de votre pensée. Je ne comprends pas qu’il y ait ce débat en France, Patrick Drahi ne paie même pas ses impôts chez vous – il n’est pas fou à ce point ! (rires).
“Pendant que nous sommes en train d’échanger, l’organigramme de son groupe évolue, des sociétés sont créées, d’autres sociétés sont absorbées, d’autres encore sont délocalisées, c’est un mouvement constant, c’est ça le principe Drahi, c’est celui des vases communicants, avec une ingénierie financière très performante.
“Tout est imaginé à Genève avec son équipe, qui part ensuite en mission aux quatre coins du monde. C’est comme le robot liquide de Terminator, qui se disperse et se recompose sans cesse au gré des événements !”
En quoi la télé française intéresse-t-elle Patrick Drahi ?
“Ce qui compte pour lui, c’est d’avoir du contenu captif pour vendre et justifier ses contenants. Il raisonne comme un ingénieur et comme un financier, pas du tout comme un homme de médias, c’est ça que vous avez du mal à comprendre en France.
“Son rêve serait de câbler la terre entière et si, pour y parvenir, il faut mettre quelque chose dans les tuyaux, il n’hésitera pas. Mais cet aspect est pour lui vraiment secondaire. C’est un pragmatique qui aime et qui fait de l’argent, ce n’est pas un rêveur.”