Le Lanceur

Pour Pécresse, les “enveloppes” n’ont pas à faire l’objet d’une “action judiciaire”

Valerie Pecresse au siège de la région Ile-de-France © AFP / PATRICK KOVARIK

Valérie Pécresse, la présidente Les Républicains du puissant conseil régional d’Ile-de-France, continue l’évitement des questions liées à son “off” sur les “enveloppes” qu’auraient fait tourner les vallsistes durant la dernière campagne des régionales. Tannée par des cadres socialistes, interpellée par (de rares) médias et journalistes, l’ancienne ministre de François Fillon vient de récidiver en pleine session du conseil régional alors qu’Aurélien Legrand, conseiller régional FN, la questionnait sur cette lourde accusation.

Citant le document révélé par Le Lanceur, l’élu lui demande : “Nous sommes interpellés par cette partie de vos propos concernant, je cite “les enveloppes qui circulent”. Car quand on pense “enveloppes qui circulent”, on pense immédiatement corruption. De quoi s’agissait-il, Madame la Présidente ? Qu’étaient ces enveloppes qui circulent dont vous avez eu connaissance ?”

Et l’élu frontiste d’enfoncer le clou : “Comme vous avez refusé de répondre au site Internet, moi je vous pose la question en tant qu’élu de la République et je vous demande donc de nous répondre ici dans cette assemblée : avez-vous eu connaissance de ce délit ou d’un délit ?”, renvoyant vers le Code de procédure pénale qui contraint à signaler judiciairement tout crime ou délit porté à sa connaissance.

L’air un brin hautain, Valérie Pécresse joue la carte de l’indignation parfaitement maîtrisée. “Ce matin, nous avons une révélation : au groupe Front national, vous êtes adeptes des méthodes de Patrick Buisson [ex-conseiller de Nicolas Sarkozy auteur et diffuseur d’enregistrements privés, ndlr], c’est-à-dire des conversations volées et des enregistrements volés. Eh bien, je vais vous dire, c’est des méthodes ignobles. Ce ne sont pas mes méthodes et c’est totalement contraire à toute morale politique. Voilà ce que j’ai à vous dire.”

Le FN a beau jeu de fustiger “les magouilles UMPS”

Sentence accueillie par des applaudissements sur les bancs des rangs Les Républicains. Ce que feint d’ignorer Valérie Pécresse, c’est que ses accusations n’ont pas été proférées dans un lieu clos, quelque part dans des appartements ou bureaux privés, mais bien sur un plateau de télévision et face à un journaliste, Jean-Jacques Bourdin, jugé comme intraitable face aux politiques et qui s’est pourtant, ce jour-là, comporté en hôte pour le moins respectueux. Ce qui peut poser de légitimes questions sur les relations entre politiques et médias.

La présidente poursuit. “Alors, les faits, Monsieur Legrand, qui doivent faire l’objet d’une action judiciaire sont déjà devant les tribunaux, plainte pour injures publiques, diffamation et je vais laisser la justice travailler. Mais je voudrais vous dire une chose, Monsieur Legrand : ce genre de question ne vous grandit pas. Et aujourd’hui, j’aimerais bien que vous vous intéressiez beaucoup plus à la Région que vous ne vous intéressez à des conversations volées et à des enregistrements volés.”

Du coup, Aurélien Legrand a beau jeu de fustiger, via son compte Twitter, “les magouilles UMPS”.

Il faut dire que l’esquive de Valérie Pécresse pour ne pas répondre à la question, est des plus déroutante. Si l’on poursuit sa logique, des enveloppes qui circulent durant une campagne électorale, ça ne vaut pas poursuites judiciaires, qui seraient pourtant le meilleur moyen de faire toute la lumière sur ces accusations. Faut-il comprendre que ce serait une activité finalement pas si grave et que les citoyens n’ont pas besoin de connaître ?

 

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