Destinée principalement à aider des associations ou des collectivités locales, la réserve parlementaire, une enveloppe de 90 millions d’euros allouée aux députés, est décriée pour son clientélisme. Publiées depuis trois ans, certaines subventions entretiennent les fantasmes. Notamment quand des députés aident des associations d’intérêt général très partisanes.
La transparence de la vie politique progresse. Depuis 2012, l’Assemblée nationale publie chaque année la liste des dons effectués par les députés au titre de leur “réserve parlementaire”. Cette cagnotte de 130 000 euros est attribuée à chaque député, qui peut la reverser à sa guise à des collectivités ou à des associations d’intérêt général. En 2015, 81 millions d’euros, sur les 90 millions d’euros alloués, ont été distribués à 15 178 bénéficiaires. Le Lanceur a parcouru le fichier mis en ligne par l’Assemblée nationale.
Au milieu des subventions aux clubs sportifs et autres confréries du veau fermier, des bénéficiaires plus politiques ressortent. Comme les années précédentes, des associations (très) politisées émergent. Ainsi l’Unef, un syndicat étudiant de gauche, a-t-il perçu 67 500 euros provenant de dix députés socialistes. Deux des donateurs ont présidé l’Unef : Pouria Amirshahi et Christophe Borgel. L’UNI, son homologue de droite, a, elle, perçu 4 000 euros en 2015 de Valérie Pécresse, présidente Les Républicains du conseil régional d’Ile-de-France et députée. Une somme en net recul par rapport aux années précédentes : 10 000 euros en 2014, provenant de Gilles Carrez (LR), et 70 000 euros en 2013, dont 60 000 euros versés par Jean-François Copé (LR).
22 000 euros pour Terra Nova
De nombreux think tanks sont aussi bénéficiaires de la réserve parlementaire. Terra Nova, le laboratoire d’idées proche du PS, qui a toujours un stand lors de l’université d’été du Parti socialiste, a ainsi reçu 22 000 euros de deux députés, dont 20 000 euros d’Anne-Christine Lang. Le député (Les Républicains) Frédéric Lefebvre a octroyé 4000 euros à la fondation Concorde, plutôt marquée à droite. Avec les fonds de la réserve de la présidence de l’Assemblée nationale, des think tanks de toutes les sensibilités sont subventionnés : la fondation Gabriel-Péri, proche du PCF, la Fondation pour l’innovation politique (centre-droit) ou la très socialiste fondation Jean-Jaurès. SOS Racisme, un autre satellite du PS, perçoit aussi 50 000 euros de la présidence de l’Assemblée nationale. Toutes ces associations sont reconnues d’intérêt général. Elles sont donc éligibles à la réserve parlementaire.
Le cas le plus ambigu concerne les Jeunes Ecologistes, le mouvement “jeune” d’Europe Écologie. En 2015, le groupe des écologistes à l’Assemblée nationale leur a versé 5000 euros. Contactés par France 2, les députés verts avaient justifié cette subvention par une opération montée dans le cadre de la Cop 21. Mais en 2013, déjà, le groupe écologiste avait versé 5000 euros aux Jeunes Ecologistes.