“J’ai dit une beauferie, je suis allé trop loin”. Voilà comment Franck Tanguy, chroniqueur de l’émission Les Grandes Gueules sur RMC, s’est excusé après le dérapage sur Nafissatou Diallo dans l’affaire DSK. Coutumière de ces commentaires de café du commerce à l’antenne, qu’ils soient proférés par les auditeurs ou par les animateurs, RMC la radio s’apprête cependant à envahir un peu plus le petit écran, avec la complicité du CSA, grâce à la diffusion en direct de la matinale de Bourdin sur RMC Découverte (lire ici). La beauferie radiophonique, en images et en haute-définition, ça donne quoi ? Réponse ce lundi 28 janvier, dès 7h00 du matin. Quand la vulgarité vient illustrer le degré zéro de la pensée.
Lundi 21 janvier, les animateurs des Grandes Gueules, Alain Marshall et Olivier Truchot, ont invité Marie-Anne Soubré, avocate, Franck Tanguy, conseiller en investissement financier et Sophie de Menthon, chef d’entreprise, trois chroniqueurs réguliers. Dans leur échange, ils sont revenus sur l’accord financier d’un montant de 1,5 million d’euros entre DSK et Nafissatou Diallo (lire ici). Rapidement, la discussion dérape. “Tu veux que je sois politiquement totalement incorrecte ?, lance Sophie de Menthon. Je me demande, c’est horrible à dire, si ce n’est pas ce qui lui est arrivé de mieux ! Moi je pense que l’argent qu’elle a gagné, qui lui permet d’élever sa fille, elle ne l’aurait jamais eu dans toute son existence et j’espère qu’elle oubliera ce moment extrêmement désagréable”.
Franck Tanguy n’est, quant à lui, “pas loin de penser la même chose”. Encouragée, Sophie de Menthon en rajoute alors une couche : “Il y a des femmes dans la rue, je suis sûre qu’elles ont pensé ça, en se disant j’aimerais moi être femme de chambre dans un hôtel et que ça m’arrive”. Marie-Anne Soubré, qui n’oublie pas, sans doute, qu’elle est juriste, tente tant bien que mal d’introduire quelques grammes de finesse entre ces propos de brutes, et affirme qu’ “un viol n’a pas de prix”. Loin de revenir à une expression plus modérée, Franck Tanguy poursuit de plus belle, estimant que Nafissatou Diallo vit “un conte de fée”. Avant de se lâcher totalement : “C’est un tromblon. Elle n’a rien pour elle. Elle ne sait pas lire, pas écrire, elle est moche comme un c** et elle gagne 1,5 million. C’est extraordinaire cette histoire !”. Marie-Anne Soubré pointe la “misogynie de ces propos” après que ce dernier ajoute : “C’est un horrible événement dans sa vie dont certainement elle se rétablira, mais pour elle c’est quand même… ça va quoi !”.
De la mise en demeure… à la récompense
RMC, qui, à force de dérapages, devrait se lancer dans le sponsoring de rallyes automobiles, avait déjà été “mise en demeure” par le CSA, après des propos tenus sur la communauté asiatique. “Le Conseil a mis en demeure RMC de respecter l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986 qui dispose que les programmes des services de radio et de télévision ne contiennent aucune incitation à la haine ou à la violence pour des raisons de race, de sexe, de mœurs, de religion ou de nationalité”, peut-on encore lire sur le site de l’autorité administrative. Mise en demeure de pure forme, évidemment, qui a finalement abouti, sous la présidence de Michel Boyon, à une magnifique récompense : l’obtention pour le groupe d’Alain Weill, après BFM et BFM Business, d’une chaîne supplémentaire sur la TNT, avec autorisation de diffuser ses programmes de radio… à la télé (lire ici).
RMC en haute-définition, on a vraiment hâte. Juste pour trouver une raison sociale à Houzelot, patron de Pink TV et de la chaîne de la diversité, et aussi pour faire mentir Audiard, lequel a pu écrire : “Un gentleman, c’est celui qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de geste”.