Le Monde diffusait mercredi une enquête sur les actions discrètes, voire très secrètes, des services français en Libye. Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, a lancé une enquête pour compromission du secret-défense.
Le quotidien du soir met-il en danger les Français présents sur le théâtre libyen ? C’est en tout cas ce qu’a considéré le ministère de la Défense pour ouvrir une enquête pour compromission du secret-défense suite à l’enquête du Monde sur “la guerre secrète de la France en Libye”.
Après l’intervention militaire très contestée de la France en 2011 pour éliminer Mouammar Khadafi, la défense française veut agir dans la plus grande discrétion sur le sol libyen, comme dans d’autres théâtres d’opérations. Les autorités libyennes reconnues par la communauté internationale n’y voient pas d’inconvénients. Encore extrêmement fragiles, elles refusent la présence d’une coalition étrangère sur leur sol mais tolèrent les actions pour du renseignement, les éliminations ciblées et autres opérations ponctuelles menées par les forces occidentales dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
François Hollande : adepte des actions clandestines ?
Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui préférait les opérations ouvertes car “tout finit par se savoir”, François Hollande ne fait pas l’impasse sur les missions secrètes menées par la DGSE, et ce depuis le début de son quinquennat. Dans un ouvrage consacré aux “tueurs de la République”, le journaliste Vincent Nouzille dépeint le chef de l’État comme un homme qui ne tergiverse pas pour ordonner les opérations “Homo” (pour “homicides”) des services secrets français. En effet, dès son élection, alors qu’il vient de promettre de retirer les troupes françaises d’Afghanistan, François Hollande organise une opération secrète pour “venger les morts d’Uzbin”. Sur sa “liste noire” de cibles ennemies à éliminer, rappelle Vincent Nouzille, figurait en première position le mollah Hazrat, un commandant local taliban considéré comme le principal organisateur de l’embuscade qui avait coûté la vie à neuf soldats français en 2008.
Quelques années et quelques opérations plus tard, la liste du président est toujours bien fournie. On l’imagine mal changer radicalement d’attitude vis-à-vis de ces opérations discrètes alors qu’il s’agit aujourd’hui d’éviter une nouvelle attaque terroriste sur le sol français. Pour “décapiter” les réseaux djihadistes en Afrique ou au Moyen-Orient, lutter contre l’État Islamique et contenir l’embrasement de toute la région, les moyens les plus secrets semblent être les plus fiables pour le président de la République.
Mathilde Régis